Lectures
: 1ère lecture : Gn 2, 7-9. 1-7a
2ème lecture : Rm 5, 12-19
Évangile : Mt 4, 1-11
Bien
chers frères et sœurs,
J’aimerais
m’entretenir avec vous sur un sujet que je qualifierai d’universel et qui est
d’actualité : la tentation. Chaque humain, chrétien ou non, fait
l’expérience de la tentation au quotidien. En fait, les tentations nous
confrontent à travers ce que nous portons en nous en termes de faiblesses,
d’inclinations naturelles, de petits côtés, etc.
Jésus,
toute sa vie et durant tout son ministère a dû connaître aussi la tentation et
les épreuves. Aujourd’hui, c’est en plein désert qu’il sera confronté à la
tentation. Mais pourquoi en ce moment précis ? C’est parce qu’il vient de
recevoir le baptême et doit commencer son ministère de salut. En plus, il vient
d’être confirmé par le Père comme étant son fils bien-aimé qui a toute sa
confiance!
Et
pourquoi au désert ? Parce que c’est le lieu de rendez-vous avec la privation,
la faim, la soif, la solitude, l’aridité, le dépouillement, le désencombrement.
On n’y rencontre aucune présence amie pour sortir de l'isolement et prendre sa
défense en cas de danger. L'homme y est dévêtu de tous ses apparats. Au désert
l'homme n'a plus rien. Il est mis à nu. Toutes ses certitudes s’estompent. La
vie devient une lutte, avec pour seule arme, la volonté de survivre.
C’est donc une épreuve décisive pour Jésus
aussi, parce que son passage dans le désert va affecter toute sa vie. Il ne
peut se dérober par des accommodements. Il est invité au choix suprême : celui de
combattre le mal et de réaffirmer son identité filiale.
D’abord
le démon invite Jésus à se rassasier de pierres changées en pains. Mais Jésus renvoie
le démon à ses casseroles, parce que le pain n'est pas la seule nourriture du
Fils de Dieu ; parce qu'un fils ne considère pas son père comme un simple
dépanneur. Il veut expérimenter la vraie paternité, celle qui est porteuse
d'une parole qui fait vivre. Celle qui remet debout et qui libère. Jésus refuse
le pain qui calme la faim et opte pour la Parole qui est nourriture de vie.
Ensuite,
le démon lui propose de faire une démonstration simulée de la puissance de Dieu
en se jetant du haut du temple puisque les anges le porteront sur leurs mains!
Jésus rejette ce manège qui consiste à donner une fausse identité. Le Dieu de
Jésus n'est pas un illusionniste.
Enfin, le démon propose à Jésus la route de
la vaine gloire, celle de l’idolâtrie des choses de ce monde. Jésus refuse, car
il sait que la vraie gloire ne vient ni du pouvoir, ni de l’avoir, ni du prestige,
ni la renommée. C’est Dieu qui élève l’homme à la vraie dignité et le rend prospère.
Pour
tout dire, Jésus nous apprends aujourd’hui qu’il faut savoir choisir entre le
pain qui calme la faim et la Parole qui nourrit éternellement notre vie. Entre
la démonstration de force et la confiance. Entre le vedettariat et le vrai
service. Enfin, en triomphant du diable, Jésus nous fait passer du jardin de la
mort, c’est-à-dire du premier Adam qui a perdu sa filiation par la
désobéissance, au jardin de la vie qui est le lieu par excellence de notre
renaissance. En ce premier dimanche de
Carême, demandons au Seigneur la grâce de l’obéissance filiale qui naît de
l’écoute de la Parole de vie.
Sébastien Bangandu, a.a.
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