jeudi 14 juin 2012

L'eucharistie, révélation parfaite du Sacré-Coeur de Jésus


0. Introduction
D’entrée de jeu, qu’il me plaise de rappeler que le Sacré-Cœur de Jésus est véritablement le symbole de la foi chrétienne,  parce qu'il exprime de manière plus simple et plus authentique, le mystère de l’amour miséricordieux de Dieu pour ses enfants depuis son incarnation au monde et son immolation sur la croix.

En effet, dans son immense amour, Dieu a voulu intégrer la condition humaine, en prenant un corps et un cœur, de façon à ce que nous puissions découvrir en lui, un semblable, un compagnon, un ami de cœur avec qui nous partageons tout. En ce sens, célébrer le Sacré-Cœur de Jésus, c’est célébrer la personne même du Christ désignée par ce cœur plein de tendresse et d’amour.

Par ailleurs, parler du cœur c’est bien évidemment aussi parler de l’amour dont il est le symbole indéfectible. Comme le rappelle l’écrivain Christian Bobin,  « Le cœur, c’est la racine et la souche de toute notre existence». Le théologien Karl Rahner pour sa part affirme que le "Cœur" désigne le centre le plus intime, où toute multiplicité est encore une. Aussi, en disant "Cœur de Jésus", nous évoquons ce que le Christ a de plus intime.

Quant à l’amour, il est toujours un mystère aussi bien pour ceux et celles qui le vivent, que pour ceux et celles qui le voient vivre. Car, aimer vraiment, c’est aller vers quelqu’un, non pas seulement pour son image, ni pour ce qu’il symbolise, mais pour son secret, son mystère. Ce secret que nous ne savons pas toujours nommer.

Et quand bien même nous tentons de le nommer, nous constatons que nos mots demeurent toujours pauvres à pouvoir exprimer ce qu’il est réellement. Raison pour laquelle on se sent toujours en quête de l’être aimé, qui devient, pour ainsi dire la raison pour laquelle notre cœur bat.

Et s’il en est ainsi des relations entre les humains, il en est encore davantage quant à notre relation avec le Christ. En effet, chaque personne a besoin d’éprouver, plus en profondeur, le sentiment d'une présence fiable, celle du Christ miséricordieux et plein d’amour.

J'invite par conséquent chacun et chacune de nous à renouveler, à travers la méditation sur cette réalité actuelle de notre foi, sa dévotion au Sacré-Cœur de Jésus, en valorisant aussi bien la prière personnelle que communautaire afin que l’amour du cœur du Christ à jamais fasse de nous sa demeure et contribue ainsi à changer notre vie.

1. Le repas comme signe du Royaume
S’il est vrai que l’amour existe de manière implicite dans les cœurs de ceux et celles qui s’aiment, il n’en reste pas moins vrai qu’ils ont besoin de signes qui le révèle davantage. Car, dit-on, l’amour a besoin de preuves pour prouver son existence. Voilà pourquoi Jésus a voulu nous laisser le mémorial de sa vie et de son être à travers un repas.

Se retrouver autour d’une table permet bien sûr de partager un repas, mais aussi d’échanger, de passer de bons moments, de marquer certains événements importants de notre vie, etc. Et même si les difficultés ne manquent pas là où vivent les humains, manger ensemble est une façon de rester en liens avec d’autres, un aspect qui prend toute son importance surtout dans nos sociétés où les liens familiaux et sociaux ont tendance à s’éclipser.

Le Christ lui-même aimait beaucoup participer à des repas et les évangiles sont intarissables à ce sujet. Au milieu d’une activité apostolique intense, il savait se créer des moments de partage et de convivialité autour d’un repas. D’ailleurs, son premier miracle à Cana s’est opéré au cours d’un repas festif où, par le biais de sa Mère,  Jésus a permis aux convives de prolonger la joie d’une fête qui allait bâcler par manque de vin.

Mais pour Jésus, le repas partagé, qu’il soit ordinaire ou festif, n’est doit pas être réduit au simple désir de faire bombance. Au contraire, il est la préfiguration du festin du Royaume en même temps qu’un mémorial. Pour preuve,  les repas de Jésus sont, pour la plupart, des moments particuliers où, en rupture avec les lois de son époque, il ouvre sa table aux exclus et aux pécheurs. Rencontres exceptionnelles où les pécheurs, les marginalisés, les rejetés, les isolés de la société se trouvent enfin reconnus et réhabilités dans leur humanité.

Mémorial, le repas eucharistique nous aide à raviver la présence du Christ dans nos vies et dans le monde. En ce sens, « vous ferez cela en mémoire de moi » veut dire : vous perpétuerez ma présence au milieu de vous ; vous direz au monde que je suis à l’œuvre pour l’éternité et vivant à jamais. On le voit, à travers le repas eucharistique, Jésus veut offrir à l’humain ce qui lui convient le mieux, ce qui est bon pour lui, ce qui a valeur d’éternité.

2. Le repas eucharistique, une valeur sûre et  éternelle
Pour Jésus-Christ, le but du repas eucharistique ne consiste pas dans une union passagère, mais dans celle dont la durée est éternelle. Ainsi, celui ou celle qui reçoit dans la communion le corps du Christ l’accueille pour l’instauration d’une intimité destinée à se prolonger. Par contre, celui ou celle qui se contente de la manne et de toute nourriture terrestre s’expose à une vie fugace, limitée dans le temps (Jn 6, 49-50).

Voilà pourquoi, en voulant souligner la dimension éternelle de son corps et de son sang, Jésus-Christ invitait constamment ceux qui le suivaient en leur enjoignant de travailler, non pas pour la nourriture périssable, mais pour celle qui demeure dans la vie éternelle, et que le fils de l'homme donnera" (cf. Jn 6, 27).  C'est donc Jésus-Christ et Lui seul est capable de nous donner cette nourriture qui demeure. 

Ceci dit, on comprend bien l’angoisse où se trouvait la veuve de Sarepta. Celle-ci était confrontée à la famine qui lui ouvrait déjà la porte de la mort : « …Nous le mangerons et puis nous mourrons ». Mais l’intervention du prophète lui fait revenir à la foi en lui donnant un avant-goût d’éternité : « Car ainsi parle le Seigneur, Dieu d’Israël : Jarre de farine point ne s’épuisera, vase d’huile point ne se videra, jusqu’au jour où le Seigneur donnera la pluie pour arroser la terre » (1 Rois 17:13-14).

Fondamentalement, l'amour aspire à la continuelle présence de la personne aimée. Jésus-Christ l’a lui-même démontré : après avoir accompli l’œuvre de la rédemption, il promettait de demeurer avec nous pour toujours : « …Et moi, je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde » (Lc 28, 20).

3. Le repas eucharistique un appel à vivre en intimité avec le Christ
Quand on aime une personne, on veut toujours vivre en sa présence. On l’associe volontiers à ce qui constitue la trame même de notre vie. Et s’il en est ainsi de l’amour entre les humains, il en est encore davantage quant à l’amour que nous expérimentons avec Dieu. En effet, chacun d’entre nous a besoin de savoir qu’il a du prix aux yeux de Dieu et qu’il est aimé de son cœur miséricordieux et plein d’amour.

Le repas eucharistique a comme premier effet une union plus intime avec le Christ. Celui-ci entre comme nourriture dans la personne pour nouer avec elle une relation plus profonde, transformatrice de son existence. D’où ces paroles du Christ : En vérité, en vérité, je vous le dis, si vous ne mangez pas la Chair du Fils de l'homme et ne buvez pas son Sang, vous n'aurez pas la vie en vous. Qui mange ma Chair et boit mon Sang a la vie éternelle et je le ressusciterai au dernier jour. Car ma Chair est vraiment une nourriture et mon Sang une boisson» (Jn 6, 53-55).

A une telle offre nous devrions réserver une réponse positive, du fait que le Christ s’offre pour notre propre salut. Mais on se souvient bien qu’à la suite de ce discours se produisit un grand mouvement de défection.  Beaucoup se sont retirés de sa compagnie.  Mais Jésus montrera sa résolution d'exiger la foi en l'Eucharistie comme condition essentielle pour continuer à le suivre.  C’est ainsi qu’Il obtiendra de Pierre, le représentant des douze, cet acte de foi : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de vie éternelle… » (Jn 6, 68). 

Enfin, si l’invitation de Dieu à un tel festin est sans condition et sans limite, elle n’en est pas moins exigeante : chaque rendez-vous eucharistique nous demande de mettre notre vêtement de noce. Ceci dit, notre rencontre autour de la table eucharistique devrait constamment nous interroger sur la qualité de notre préparation à accueillir le Christ qui vient habiter en nous.

Conclusion

Tout ce que Dieu voulait nous dire à propos de sa personne et de son amour, il l'a déposé dans le Cœur de Jésus et c’est à travers ce Cœur qu’Il continue de nous l’exprimer. Et comme le disait si bien Jean Paul II : « C’est auprès du Cœur du Christ que le cœur de l'humain apprend à connaître le sens véritable et unique de sa vie et de son destin, à comprendre la valeur d'une vie authentiquement chrétienne ». Ainsi, nous nous trouvons face à un mystère insondable. A travers le Cœur de Jésus, nous lisons l'éternel dessein du salut du monde.

Sébastien Bangandu

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