mardi 18 septembre 2012

Homélie du 25e dimanche ordinaire B : La folie des grandeurs...


Bien chers frères et soeurs,

C’est souvent dans des conversations intimes que des amis se font des confidences. Pour sa part, Jésus profitait souvent des occasions de grande intimité pour révéler à ses disciples certaines choses essentielles touchant directement à sa vie et à sa mission. Et c’est pour la deuxième fois que Jésus annonce sa fin cruelle, alors qu’il est en chemin vers Jérusalem, la ville qui tue les prophètes. On est frappé par la brièveté de son message et l’émoi qu’il jette dans le cœur de ses disciples.

Mais apparemment, les disciples n’y comprennent pas grand-chose. Ils sont plutôt préoccupés par autre chose. C’est que pendant que Jésus est occupé à les préparer pour accueillir avec courage et foi l’épreuve qui approche, les disciples se préoccupent à s’assurer leur grandeur et primauté. Alors que Jésus pense à la croix inévitable et aux souffrances à venir, les disciples eux, sont préoccupés par les questions de préséance, de hiérarchie. Voilà qui explique leur peur, ou mieux, leur honte à pouvoir lui dire ce de quoi ils discutaient en cours de route.

Comment est-ce possible ? Probablement parce que l’idée d’un Messie qui devra mourir ne les enchante pas. Et cela crée déjà une distance entre les disciples et leur Maître. Comme à son habitue, Jésus profitera de cette aubaine pour les rappeler à la raison. On sait que Jésus a toujours été critique par rapport à l’ordre des choses. Pour lui, les premiers seront les derniers ; qui s’élève sera abaissé ; les plus comblés s’embauchent pour du pain ; qui garde sa vie la perd ; le plus grand devient le dernier et le serviteur de tous…

Devenir grand, c’est le rêve inné de tout humain et personne ne doit être blâmé à cause de ses ambitions. Personne d’entre nous n’aspire à la petitesse, encore moins à la bassesse. Il faut s’élever, grandir, émerger, être honoré et glorifié. Mais grandir ne va pas, d’une part, sans effort et sans sacrifice. D’autre part, il ne va pas sans désir de changement, de conversion. Par ailleurs, grandir implique toujours une idée de croissance et d'aspiration à la maturité. Ainsi, pour Jésus, l’enjeu n’est pas de freiner nos ambitions, de nous couper les ailes, ou encore de stopper notre enthousiasme à vouloir nous réaliser.

Par contre, Il veut nous éveiller à autre chose. Il veut que nous puissions mener une existence riche et nous ouvre ainsi la voie de la réussite personnelle et communautaire : « Soyez unis les uns aux autres par l'affection fraternelle, rivaliser de respect les uns pour les autres » (Rm 12, 10). C’est un appel à bannir de nos vies conflits, complexes, hypocrisies, rivalités pour nous intéresser les uns aux autres dans une vraie fraternité, dans l’humilité et la considération de l’autre.

Enfin, disciples de Jésus, nous vivons dans un monde qui, faute d’imiter son Maître, perd progressivement sa jeunesse et sa candeur. Et tant que nous aurons honte de reconnaître nos faiblesses et de sentir, comme un enfant, que nous avons besoin des autres pour nous réaliser, nous vivrons toujours en marge de la dignité des enfants de Dieu. Jésus est venu nous éveiller à l’audace d’affirmer qu’il n’est pas possible de former un Corps si nous n’apprenons pas à pratiquer l’humilité quotidienne qui commence par le respect et qui doit parfois aller jusqu’au pardon. Cela demeure pour nous tous une exigence très actuelle.

Sébastien Bangandu


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