Bien chers frères et soeurs,
La
péricope évangélique de ce dimanche reprend et continue celle de dimanche
dernier, centrée sur le discours de Jésus dans la synagogue de Nazareth. La
merveilleuse interprétation qu’il donne de ce passage de l’évangile a suscité, dans
le chef de ses covillageois, une admiration telle qu’ils étaient émerveillés du
message de grâce qui sortait de sa bouche. En fait, l’émerveillement participe de
la simplicité du cœur, laquelle fait accéder spontanément à la profondeur de la
réalité bien plus sûrement que la raison.
S’émerveiller,
c’est se laisser saisir par l’indicible, sans chercher à le raisonner, à le
maîtriser. C’est également une attitude qui permet de laisser en suspens la
raison, de s’en affranchir afin d’échapper à l’emprise des « preuves à
l’appui ». Par ailleurs, l’émerveillement éveille le désir, ouvre sur un
au-delà qui se démarque de la raison au bénéfice de l’accueil. Car la raison enferme
très souvent dans le visible et réduit de ce fait même notre champ de vision
spirituelle.
C’est
justement ce qui advient dans l’évangile de ce jour. Effectivement, tout va
virer quand ils vont commencer à raisonner, à cogiter autour de la personne de
Jésus: « N’est-ce pas là le fils de Joseph ? ». En fait ce Jésus, ils le connaissent
bien depuis son enfance. Il a grandi à Nazareth. Cela étant, comment
reconnaître dans ce fils du village le Messie ? Ainsi, pour les gens de son
village, ceux et celles-là même qui l’ont vu grandir, il est inadmissible qu’un
tel message sorte de sa bouche. S’il venait d’ailleurs, on aurait pu le croire. Visiblement,
les interlocuteurs de Jésus se situent dans un cadre purement terrestre, un
cadre qui récuse toute idée d’évolution, d’émergence. Jésus est d’avance
étiqueté, enfermé par ses origines modestes. Il n’est que trop connu par ses
paires pour paraître original. Ce comportement corrobore l’impression d’un
certain Nathanaël sur Jésus : De Nazareth, peut-il sortir quelque chose
d’original, de pertinent ? (cf. Jn 1, 46).
A
ce sujet, il convient de savoir qu’en ce temps-là, tout le district de Galilée faisait
l’objet d’un grand mépris de la part des habitants du sud du pays. Les
Galiléens étaient considérés comme des gens grossiers, ignorants et sans aucune
culture. Ainsi, il était impensable pour un vrai Juif qu'un homme de cette
trempe pût provenir de ce milieu. Nazareth avait tout naturellement hérité de
cet opprobre. Bien
plus, c’est surtout le côté humain de Jésus qui se trouve être exploité. On
oublie qu’il est avant tout le fils de Dieu. Pour sa part, Jésus, rappelle
l’ultime sort du prophète qui doit un jour répondre de ses paroles et de ses
actes. Il sait qu’on lui demandera un jour de rendre compte de ses miracles, de
se guérir soi-même. Ce qui le pousse à conclure qu’un prophète n’est méprisé
que dans son propre pays. La
situation de Jésus est semblable à celle de la plupart de nos contemporains qui
marchent sur les traces du fragile Nazaréen. Suivre Jésus, c’est avant tout
croire à la parole des prophètes qui furent des signes avant-coureurs de sa
venue au monde. L’exemple de la veuve de Sarepta et du lépreux Naaman est
évocateur : il suggère une attitude de confiance indéfectible aux
promesses de Dieu rendues par ses envoyés.
Au
demeurant, comme nous l’avons souligné le dimanche passé, Jésus est plus qu’un
prophète. Il est l’accomplissement parfait de toutes les prophéties. A ce
titre, il mérite d’être accueilli, lui dont les paroles redonnent vie et sont
capables de transformer et de bonifier notre existence. Ecouter c’est déjà s’ouvrir
à la béatitude. Ils sont donc heureux ceux et celles qui croient à
l’accomplissement des paroles des prophètes, car c’est en Jésus lui-même qu’ils
croient. Laissons-nous émerveiller par sa parole qui éclaire, sous la mouvance
de l’Esprit Saint.
Sébastien Bangandu, aa
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire