jeudi 31 janvier 2013

Homélie du 4e dimanche ordinaire C : Coup d’éclat de Jésus à Nazareth !


Bien chers frères et soeurs,

La péricope évangélique de ce dimanche reprend et continue celle de dimanche dernier, centrée sur le discours de Jésus dans la synagogue de Nazareth. La merveilleuse interprétation qu’il donne de ce passage de l’évangile a suscité, dans le chef de ses covillageois, une admiration telle qu’ils étaient émerveillés du message de grâce qui sortait de sa bouche. En fait, l’émerveillement participe de la simplicité du cœur, laquelle fait accéder spontanément à la profondeur de la réalité bien plus sûrement que la raison.

S’émerveiller, c’est se laisser saisir par l’indicible, sans chercher à le raisonner, à le maîtriser. C’est également une attitude qui permet de laisser en suspens la raison, de s’en affranchir afin d’échapper à l’emprise des « preuves à l’appui ». Par ailleurs, l’émerveillement éveille le désir, ouvre sur un au-delà qui se démarque de la raison au bénéfice de l’accueil. Car la raison enferme très souvent dans le visible et réduit de ce fait même notre champ de vision spirituelle.

C’est justement ce qui advient dans l’évangile de ce jour. Effectivement, tout va virer quand ils vont commencer à raisonner, à cogiter autour de la personne de Jésus: « N’est-ce pas là le fils de Joseph ? ». En fait ce Jésus, ils le connaissent bien depuis son enfance. Il a grandi à Nazareth. Cela étant, comment reconnaître dans ce fils du village le Messie ? Ainsi, pour les gens de son village, ceux et celles-là même qui l’ont vu grandir, il est inadmissible qu’un tel message sorte de sa bouche. S’il venait d’ailleurs, on aurait pu le croire. Visiblement, les interlocuteurs de Jésus se situent dans un cadre purement terrestre, un cadre qui récuse toute idée d’évolution, d’émergence. Jésus est d’avance étiqueté, enfermé par ses origines modestes. Il n’est que trop connu par ses paires pour paraître original. Ce comportement corrobore l’impression d’un certain Nathanaël sur Jésus : De Nazareth, peut-il sortir quelque chose d’original, de pertinent ? (cf. Jn 1, 46).

A ce sujet, il convient de savoir qu’en ce temps-là, tout le district de Galilée faisait l’objet d’un grand mépris de la part des habitants du sud du pays. Les Galiléens étaient considérés comme des gens grossiers, ignorants et sans aucune culture. Ainsi, il était impensable pour un vrai Juif qu'un homme de cette trempe pût provenir de ce milieu. Nazareth avait tout naturellement hérité de cet opprobre. Bien plus, c’est surtout le côté humain de Jésus qui se trouve être exploité. On oublie qu’il est avant tout le fils de Dieu. Pour sa part, Jésus, rappelle l’ultime sort du prophète qui doit un jour répondre de ses paroles et de ses actes. Il sait qu’on lui demandera un jour de rendre compte de ses miracles, de se guérir soi-même. Ce qui le pousse à conclure qu’un prophète n’est méprisé que dans son propre pays. La situation de Jésus est semblable à celle de la plupart de nos contemporains qui marchent sur les traces du fragile Nazaréen. Suivre Jésus, c’est avant tout croire à la parole des prophètes qui furent des signes avant-coureurs de sa venue au monde. L’exemple de la veuve de Sarepta et du lépreux Naaman est évocateur : il suggère une attitude de confiance indéfectible aux promesses de Dieu rendues par ses envoyés.

Au demeurant, comme nous l’avons souligné le dimanche passé, Jésus est plus qu’un prophète. Il est l’accomplissement parfait de toutes les prophéties. A ce titre, il mérite d’être accueilli, lui dont les paroles redonnent vie et sont capables de transformer et de bonifier notre existence. Ecouter c’est déjà s’ouvrir à la béatitude. Ils sont donc heureux ceux et celles qui croient à l’accomplissement des paroles des prophètes, car c’est en Jésus lui-même qu’ils croient. Laissons-nous émerveiller par sa parole qui éclaire, sous la mouvance de l’Esprit Saint.

Sébastien Bangandu, aa

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