mercredi 13 février 2013

Homélie du 1er dimanche de carême C: Un désert de libération!


Bien chers frères et sœurs,

Depuis Adam et Eve, la tentation fait son chemin dans le quotidien des humains. Toujours et déjà là, d’apparence toujours aussi belle, habile dans ses manifestations, charmante et attrayante, ses manèges sont pourtant difficilement perceptibles. S’habillant toujours du manteau de la vérité, elle a entraîné plusieurs dans le précipice de la mort. Le fils de l’homme lui non plus, n’échappera pas à son emprise. Mais plein de sagesse et d’intelligence divines, il a déjoué ses plans et anéanti ses projets maléfiques.

Ayant gagné le désert les mains nues et ventre creux, sans aucune ressource matérielle, Jésus paraît fragile, dépouillé, vulnérable, à la merci des puissances du mal et des assauts de l’ennemi. Pour pouvoir faire face à tout cela, il doit compter sur l’Esprit qui lui procure la force intérieure et s’appuyer sur la parole pour l’éclairer sur les sentiers sinueux et obscurs de ce lieu aride et hostile. Le désert évoque déjà le dépouillement de soi par la prière, le jeûne et l'attention aux autres. Par ailleurs, il est le lieu privilégié de la rencontre de Dieu, dans le vaste secret d'un paysage infini où chacun est enfin seul face au Dieu infini et invisible.

Stratège consommé, Satan savait bien que Jésus tenait beaucoup à son identité de fils de Dieu. Et c'est sur ce point précis qu’il va le confronter. Bien plus, quelle belle aubaine, car Jésus est affamé ! "Ventre affamé n'a point d'oreilles", dit-on. Et on sait combien d’humains sont aujourd’hui prêts à faire n’importe quoi, parce que taraudés par la faim et le dénuement. Mais s’appuyant sur la même Ecriture dont Satan feint de se servir, Jésus confirme en quelque sorte ce qu’il a toujours dit et redit : « ma nourriture c’est de faire la volonté de Celui qui m’a envoyé » (Jn 4, 34). C’est vrai que la parole de Dieu est la véritable nourriture qui nous fait vivre aujourd’hui et pour l’éternité. Dès lors, il nous faut cesser de « travailler pour une nourriture qui se perd » (cf. Jn 6, 27).

Décidément engagé dans la réalisation de son projet maléfique, Satan ne jette pas l’éponge. Il va encore trouver quelque chose de plus alléchant : le pouvoir. Car le pouvoir, comme le disait Kissinger, est l’aphrodisiaque suprême. Mais quoique humain, sensible à l’autonomie et à la liberté, le Christ aimait pourtant affirmer que son pouvoir n’était pas de ce monde. Cela étant, il ne vient pas combler notre besoin d’autorité. 

Toujours agressif dans son entreprise, Satan veut finalement amener Jésus à provoquer quelque miracle, histoire de galvaniser les foules. Jésus lui oppose la parole : « Tu ne mettras pas à l'épreuve le Seigneur ton Dieu ». Ainsi, l'orgueil et le goût du sensationnel chers au vieil homme sont détruits par l'humilité et la candeur du nouvel Adam, Jésus, fils de Dieu. Triple tentation, triple victoire de Jésus, par laquelle l'humain retrouve finalement sa liberté originelle…

Au final, ce que l'évangile nous dit de Jésus corrobore très exactement la situation du chrétien par rapport au carême : quarante jours d'exercice spirituel, d’accueil de l’Esprit et des signes du temps, en vue de progresser dans la connaissance de Jésus-Christ et nous ouvrir à sa lumière par une vie de plus en plus fidèle. Chaque année, la liturgie du premier dimanche de carême nous conduit « au désert » où Jésus nous attend pour ce combat toujours recommencé, plus dur que les batailles d'humains de tous les temps, contre les forces de mort qui nous menacent. Puissions-nous accueillir ce temps de grâce dans la simplicité d’un cœur d’enfant, prompt à obéir aux motions de l’Esprit ! Bon carême à tous et à toutes !

Sébastien Bangandu, aa

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