Bien
chers frères et sœurs,
Chacun, chacune
de nous a déjà, un jour ou l’autre, expérimenté la joie de vivre, ou tombé en
extase face à une scène édifiante de la nature. Il nous est déjà arrivé, un
jour de notre vie, de ressentir une joie
euphorique à l’encontre d’un succès inespéré, ou de nous surprendre une fois en
train de sentir une tendresse affectueuse pour les gens de notre pays, de notre
entourage ou de notre équipe favorite. C’est très souvent des instants en même
temps merveilleux et fugitifs que l’on voudrait éterniser.
L’instant de la vision
splendide était si bref que Pierre, Jacques et Jean, saisis de crainte, se
sentent en même temps habités par l’immense désir de s’y fixer à jamais. Par ailleurs,
il paraissait tellement merveilleux que Pierre voulait bien le prolonger, ou
même l’éterniser. Fasciné par l’aura d’un moment aussi fantastique, Pierre
rêvait tout haut que le bonheur serait de s’y installer, afin de posséder Dieu
sur l’heure, face à face, et pour toujours. Mais du haut de la nuée, Dieu avait
coupé court à tout projet d’installation. Non, on ne s’installe pas ! Il faut
redescendre dans la plaine pour côtoyer les aléas de la vie des humains afin
d’apprendre à naître à la vraie joie. Par là, Jésus invite les disciples à
prendre part à ses souffrances. Car, c’est au bout de la traversée que se
trouve la vraie joie : la joie pascale !
C’est dire que les
instants privilégiés de joie, chers à la nature humaine, sont porteurs
d’éternité pour tous ceux et celles qui savent lire entre les lignes. Bien que
passagers, ces instants d’euphorie et de bonheur préfigurent l’ultime joie que
nous éprouverons dans l’éternité. Dans un monde où beaucoup vivent en ennemis
de la croix du Christ et où l’on privilégie les joies de façade, la volonté de
faire bonne figure, ces moments révélateurs devraient nous obliger à lever
notre regard au-dessus de ce qui est passager, afin de fixer notre regard sur
l’horizon de notre destinée véritable.
La transfiguration du Christ est une invitation à la foi et à la
conversion. Par la foi, nous nous sommes convaincus que ce corps transfiguré en
l’espace d’un très bref instant, c’est le même qui sera humilié et outragé,
couvert de crachats et défiguré. Mais c’est aussi le même corps qui, passé au
crible de la souffrance, resplendira de gloire et de félicité éternelles.
Enfin,
la gloire de la
Transfiguration étend déjà ses rayons jusqu'à nous, encore
tendus vers l'aurore pascale qui s'annonce. Comme à Abraham, Dieu nous indique
déjà la configuration de notre destinée : un pays prolifique, synonyme
d’une vie abondante dans le Christ ressuscité. La réconciliation à laquelle
nous invitait le jour des Cendres vise à nous établir dans ce climat de
confiance et de paix que l'épreuve du chemin ne saurait affaiblir. Marchons
donc, les yeux fixés sur Jésus-Christ,
Sébastien Bangandu
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