jeudi 28 février 2013

Homélie du 3e dimanche de carême C : Difficile patience!


Bien chers frères et sœurs,

Troisième étape après le désert et le Thabor : la patience et l'amour indéfectibles de Dieu pour tous, l’appel à produire des fruits dignes de notre conversion. Tout part d’un Dieu qui, en tout temps et quelles que soient les circonstances, ne fait pas de différence entre les humains. C’est aussi un Dieu qui fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, et qui fait pleuvoir sur les justes et sur les injustes (cf. Mt 5, 45). Pourtant, il est souvent facile pour l’humain de lier les situations d’infortune au péché, d’accuser Dieu ou de chercher des coupables quand le malheur frappe.

Pour sa part, Jésus s’oppose à cette logique et se refuse à en tirer des conclusions de l'opinion populaire comme souvent en pareil cas. Pour Jésus, les victimes du massacre galiléen et de la chute de la tour de Siloé n'étaient pas plus pécheurs que les autres. Par conséquent, ils n'avaient nullement mérité ce sort malheureux dont les causes étaient à chercher ailleurs. Il affirme par là que Dieu est amour. Il n'est surtout pas un justicier sans cœur, sévère, que nous avons à craindre. Il est plutôt un Dieu tendre et miséricordieux, plein d’amour pour tous les humains.

Le monde d’aujourd’hui a besoin de redécouvrir le visage miséricordieux de Dieu. Mais cela n’est possible que dans la mesure où l’humain arrive à avoir une conscience vive des limites de sa nature humaine, de ses faiblesses et de ses fragilités. C’est donc un appel à la conversion. Et dans la logique de Jésus, se convertir veut dire retourner son cœur, ouvrir en soi ce qui était fermé, opérer une transformation intérieure pour devenir une nouvelle créature (cf. 2 Cor 5, 17). Il ne s’agit pas de se faire illusion en se croyant juste. Il s'agit plutôt de se remettre en question, de regarder sa vie en face, avec audace et sans complaisance.

La parabole du figuier improductif, dans la deuxième partie de l'évangile, vient renforcer l'avertissement sur l'urgence de la conversion, mais lui ajoute la certitude qu'une nouvelle chance est toujours accordée au pécheur pour qu'il se ravise et qu’il vive pleinement sa vie. Quant au vigneron horticulteur, il est le symbole de l’espérance envers et contre tout, même contre le propriétaire qui, découragé, est tenté d'en finir avec ce figuier jusque-là stérile. Comme on donne un sursis à la vigne improductive, Dieu nous donne le temps de nous convertir en croyant à la bonne nouvelle du salut. 

Ce jardinier nous dévoile, une fois de plus, le visage du Dieu vivant pour qui patienter et aimer ne font qu’un. Il faut bien noter que sa patience ne signifie pas du tout qu'il n'est pas pressé. Il ne cesse de nous tendre la main, car il ne se décourage jamais de nos continuelles errances, de nos stérilités et de nos passés infructueux. Se convertir c’est également porter des fruits, et des fruits qui demeurent. Porter des fruits c’est apprendre à grandir, à devenir des personnes autonomes sur cette terre d’appels.

En définitive, notre vie est un grand jardin à labourer et à cultiver, sous le soleil. Et pour cultiver, on a besoin d’engrais, de l’eau, d’une poussée, pour produire des fruits, à défaut de quoi tout se dessèche. Ainsi, chacun de nous est appelé à user des dons et potentialités reçus pour bonifier sa propre existence et la valoriser. La grandeur de l'Évangile c’est d'être une inspiration, une lumière parfois vacillante sur la route, un appel à l'initiative plutôt qu'un code légal. Se convertir n'est pas toujours chose facile. Mais, si nous osons habiter notre foi au quotidien, la bonne nouvelle du salut annoncée par Jésus-Christ, sera toujours vivante, toujours actuelle, toujours capable de donner sens à notre vie.  
Sébastien Bangandu


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