Bien chers frères et sœurs,
Troisième
étape après le désert et le Thabor : la patience et l'amour indéfectibles de
Dieu pour tous, l’appel à produire des fruits dignes de notre conversion. Tout
part d’un Dieu qui, en tout temps et quelles que soient les circonstances, ne
fait pas de différence entre les humains. C’est aussi un Dieu qui fait lever son soleil sur les
méchants et sur les bons, et qui fait pleuvoir sur les justes et sur les
injustes (cf. Mt 5, 45). Pourtant, il est souvent
facile pour l’humain de lier les situations d’infortune au péché, d’accuser
Dieu ou de chercher des coupables quand le malheur frappe.
Pour
sa part, Jésus s’oppose à cette logique et se refuse à en tirer des conclusions
de l'opinion populaire comme souvent en pareil cas. Pour Jésus, les victimes du
massacre galiléen et de la chute de la tour de Siloé n'étaient pas plus
pécheurs que les autres. Par conséquent, ils n'avaient nullement mérité ce sort
malheureux dont les causes étaient à chercher ailleurs. Il affirme par là que
Dieu est amour. Il n'est surtout pas un justicier sans cœur, sévère, que nous
avons à craindre. Il est plutôt un Dieu tendre et miséricordieux, plein d’amour
pour tous les humains.
Le
monde d’aujourd’hui a besoin de redécouvrir le visage miséricordieux de Dieu.
Mais cela n’est possible que dans la mesure où l’humain arrive à avoir une conscience
vive des limites de sa nature humaine, de ses faiblesses et de ses fragilités. C’est
donc un appel à la conversion. Et dans la logique de Jésus, se convertir veut
dire retourner son cœur, ouvrir en soi ce qui était fermé, opérer une
transformation intérieure pour devenir une nouvelle créature (cf. 2 Cor 5, 17).
Il ne s’agit pas de se faire illusion en se croyant juste. Il s'agit plutôt de
se remettre en question, de regarder sa vie en face, avec audace et sans
complaisance.
La
parabole du figuier improductif, dans la deuxième partie de l'évangile, vient
renforcer l'avertissement sur l'urgence de la conversion, mais lui ajoute la certitude
qu'une nouvelle chance est toujours accordée au pécheur pour qu'il se ravise et
qu’il vive pleinement sa vie. Quant au vigneron horticulteur, il est le symbole
de l’espérance envers et contre tout, même contre le propriétaire qui,
découragé, est tenté d'en finir avec ce figuier jusque-là stérile. Comme on
donne un sursis à la vigne improductive, Dieu nous donne le temps de nous
convertir en croyant à la bonne nouvelle du salut.
Ce
jardinier nous dévoile, une fois de plus, le visage du Dieu vivant pour qui
patienter et aimer ne font qu’un. Il faut bien noter que sa patience ne
signifie pas du tout qu'il n'est pas pressé. Il ne cesse de nous tendre la
main, car il ne se décourage jamais de nos continuelles errances, de nos
stérilités et de nos passés infructueux. Se convertir c’est également porter
des fruits, et des fruits qui demeurent. Porter des fruits c’est apprendre à
grandir, à devenir des personnes autonomes sur cette terre d’appels.
En
définitive, notre vie est un grand jardin à labourer et à cultiver, sous le
soleil. Et pour cultiver, on a besoin d’engrais, de l’eau, d’une poussée, pour
produire des fruits, à défaut de quoi tout se dessèche. Ainsi, chacun de nous
est appelé à user des dons et potentialités reçus pour bonifier sa propre
existence et la valoriser. La grandeur de l'Évangile c’est d'être une
inspiration, une lumière parfois vacillante sur la route, un appel à l'initiative
plutôt qu'un code légal. Se convertir n'est pas toujours chose facile. Mais, si
nous osons habiter notre foi au quotidien, la bonne nouvelle du salut annoncée
par Jésus-Christ, sera toujours vivante, toujours actuelle, toujours capable de
donner sens à notre vie.
Sébastien Bangandu
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