Bien chers frères
et sœurs,
C’est souvent
dans les moments critiques de l’existence d’une personne qu’on découvre sa
vraie identité. En effet, chacun de nous a une mission à réaliser ici sur
terre. Répondre aux exigences de cette mission est un signe de confiance en soi
et en Celui qui nous envoi en mission. Jésus est vraiment
« jusqu’au-boutiste ». Et cela se perçoit clairement dans sa vie.
Venu de part du Père pour faire sa volonté et racheter l’humanité blessée, il
restera fidèle à cette mission jusqu’au bout, même au moment le plus terrible
de sa vie. Le portait que l’évangile de ce jour fait de Jésus est intarissable
à ce sujet.
En fait, la
passion du Christ, sommet et accomplissement
de l’œuvre de salut, nous révèle la personnalité et l'identité réelle de
Jésus. La vie livrée exprime bien le mystère de son être unique. Il se livre
autant qu'il se révèle et il se révèle en proportion du don de sa vie. Ce
faisant, il se donne davantage à connaître au plus intime de son être puisqu'il
se livre absolument et sans réserve. C'est dans son acte de donation de soi que
Jésus révèle qui il est. En conséquence, ce n’est que par une participation
vivante et vitale à sa vie donnée que chacun et chacune de nous peut le
connaître en vérité.
En se révélant tel qu’il est, Jésus s’expose du même
coup. Et c’est justement cela qui constitue la cause principale de sa
condamnation. Le cœur du message de la passion se trouve dans la comparution devant
le Sanhédrin où Jésus est condamné pour s'être proclamé "Fils de
Dieu". Le bref échange entre Jésus et le Sanhédrin souligne en creux cette
nécessité de vivre en communion profonde avec le Père, sans laquelle notre
identité véritable se perd. On le voit, Jésus ne se révèle vraiment « le
fils du Père » que dans la relation unique qu’il entretient avec le Père. Et
Luc aime à souligner le ton très personnel, très intime de la relation de Jésus
à son Père. C’est la raison pour la quelle il ne veut perdre aucun de ceux et
celles que Dieu lui a confié.
Cette réalité s’exprime fort à travers les
moments-clés de sa vie, spécialement au moment de sa passion. ll y a d’abord la
prière par laquelle Jésus aime consolider sa communion avec le Père. Il y
reçoit l’assurance qu’il n’est pas seul. Elle développe sa confiance et lui
donne courage et ténacité. Ensuite, il y a le pardon qu’il accorde à ses bourreaux
qui « ne savent pas ce qu’ils font. » C’est ce pardon qui allège le
poids de la souffrance qu’il endure. Enfin, l’abandon dans le don ultime de la vie
à l’instant de la mort. C’est désormais par sa mort que nous avons la vie.
A travers le visage du Christ, c’est Dieu lui-même qui
nous révèle son amour et sa miséricorde, malgré nos différents reniements. Par
la passion et la mort du Christ, nous faisons véritablement l'expérience des
profondeurs du cœur de Dieu. La croix devient par conséquent la porte du
paradis. Luc l'a admirablement souligné avec l'épisode du bon larron, le seul
canonisé de nos évangiles ! Au plus éloigné et au plus désolé de l'errance
humaine, Jésus vient révéler l’amour, la miséricorde et la sollicitude infinie
de Dieu. Cette miséricorde est sans limite et ne peut se mesurer que dans la
gratuité du don de Dieu.
Enfin, la passion
du Christ vient nous dire que désormais tout être humain, malgré ses
fragilités, est capable de faire l’expérience de l’amour miséricordieux de Dieu
dans notre humanité blessée et guérie dans le Christ. De ce fait, le monde
devient le lieu par excellence où l’humanité de l’humain rencontre la sainteté
de Dieu. Et, du coup, le voile du temple qui séparait le monde de la présence
de Dieu est déchiré par le milieu (Lc 23, 44). Toute personne peut désormais accéder
à Dieu par les souffrances du Christ, gage de notre salut. Puissions-nous, à l’instar
du centurion, confesser avec joie l’identité du Christ, désormais vainqueur,
avec nous, de la souffrance et de la mort !
Sébastien
Bangandu, aa
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