lundi 4 mars 2013

Homélie du 4e dimanche de carême C : La joie de Dieu!


Bien chers frères et sœurs,

La perte d’un enfant dans une famille, pour quelque raison que ce soit, constitue toujours un drame inoubliable. Et une telle blessure ne se referme que difficilement dans les cœurs de ses parents, frères et soeurs, amiEs et connaissances. Bien plus, c’est la mère de l’enfant qui reste très souvent inconsolable (cf. (Jr 31, 15). Et comme Dieu incarne bien ce cœur de mère, comment ne pas imaginer sa souffrance quand il voit son enfant partir, surtout quand cela arrive alors qu’il a toujours été correct avec tous ses enfants et s’est toujours montré à la hauteur de ses responsabilités de père ?

Mais comme  Dieu, qui nous a créés libres et respecte notre liberté, le père du prodigue accepte, malgré lui de donner libre cours à la volonté de son fils. Pour sa part, le jeune homme se dit libre. Et pour s’en assurer, il va dans un pays lointain, hors de tout contact avec tout ce qui pourrait nuire à sa liberté. Notre âme profonde, lieu de la rencontre intime avec Dieu, ressemble parfois à ce pays lointain où son absence peut nous exposer à toutes sortes d’aventures. Alors, comme le fils prodigue, on se diverti, on s’amuse et on se sent bien exister.

Ainsi passent les mois, peut-être les années, pour le garçon de la parabole, mais pour nous aussi, jusqu’au jour où une famine survenant dans le pays de notre existence, vient mettre fin à la grande recréation. Alors la déchéance impose sa loi, la liberté devient esclavage. Le chemin de gloire aboutit à ce lieu austère où les pourceaux se disputent la maigre pitance. Et comme le porc est un animal impur pour les Juifs et qu’en outre, nous sommes dans un pays lointain, le propriétaire du troupeau est sans doute un païen. De ce point de vue, on peut affirmer sans risque de se tromper que l’enfant vient de signer la déchéance et se retrouve perdu dans un pays perdu !

Or être perdu dans un pays perdu fait de nous tous des êtres en exil. Et quand on est en exil, on n’est plus chez soi, on est en quelque sorte dépaysé. Et être dépaysé, c’est être arraché à la sécurité du familier qui correspond, dans notre évangile, à la maison du Père. Dans ces conditions, comment retrouver le chemin ? Eh bien, il faut se souvenir que dans la maison du père, tout n’était pas mauvais ; qu’il y avait beaucoup de bonté, beaucoup d’amour qui s’y manifestaient, mais qu’on n’était pas toujours capable de reconnaître, d’apprécier et d’accueillir. La mémoire est essentielle à l’humain et c’est précisément quand on la perd qu’on signe sa déchéance.

Décidément, il faut donc opérer un retournement, c’est-à-dire un mouvement de conversion qui nous fait découvrir le vrai visage d’un Dieu qui n’est que paternité pour tous ses enfants. De son côté le père a toujours les yeux rivés sur le chemin qu’avait pris son fils rebelle. Il l’aperçoit alors qu’il est encore loin. Car ce fils, si loin géographiquement, était toujours et déjà présent dans le cœur du père, selon la parole du prophète : « Et quand bien même une mère oublierait son enfant, moi je ne t’oublierais pas » (Is 49, 15). La joie de Dieu c’est que nous puissions nous convertir et revenir à lui.

Enfin, si le retour du fils prodigue est un motif de joie pour le père, le fils aîné, qui se croit juste et sans faute, ne l’entend pas de cette oreille-là. De ce fait, il n’est ni vrai fils du père, ni vrai frère de son frère. Il n’est qu’un étranger à l’intérieur de la maison paternelle. On devine même que pendant le l’absence du cadet, ils n’en ont jamais parlé ensemble. A qui préférons-nous ressembler ? Laissons-nous interroger, au quotidien, par la parole d’un Dieu qui n’est qu’amour et bonté pour tous ses enfants et qui ne veut pas qu’un seul de ceux-ci se perde (cf. Mt 18,14),

Sébastien Bangandu, aa

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