Bien
chers frères et sœurs,
Chacun
de nous a déjà fait, un jour ou l’autre, l’expérience du silence devant une
envie pourtant réelle qui l’habite, de dire une chose à quelqu’un, de lui poser
la question ou de lui proposer quelque chose… Ce fait de rester interdit par
rapport à une action qu’on est pourtant capable de poser, nous laisse parfois
sur notre soif dans n’importe quelle expérience. En effet, depuis que le Ressuscité
se manifeste à ses disciples, il y a un peu de suspense qui, en effet, crée une
distance entre lui et ses disciples, une distance qui sollicite intuition, initiative,
audace et foi de la part de ceux-ci.
On
le voit avec les disciples d’Emmaüs, dont les cœurs brulent en sa présence sans
qu’ils ne soient capables de mettre en œuvre leur intuition, ou mieux leur foi
pour le découvrir. On le voit également dans la péricope évangélique de ce
dimanche : les disciples restent bouche bée devant une personne qui leur
semble reconnaissable en même temps qu’étrange. Il faut l’audace de l’intuition
pour arriver à reconnaître en cet étrange personnage, le Ressuscité en chair et
en os.
C’est
dire que Jésus ressuscité revêt un corps qui interpelle en même temps qu’il
invite à beaucoup plus d’audace et de foi. Sa présence nous met devant l’évidence de
notre nature pécheresse et nous oblige à nous convertir. Mais que peut vouloir
dire se convertir au Christ ressuscité ? Eh bien, cela veut dire l’aimer
davantage. Ce faisant, on devient capable, tel le disciple bien-aimé, de
déceler sa présence dans la banalité du quotidien et désormais capable de le faire connaître aux autres.
C’est
ce qui arrive à Pierre. Découragé par la mort du Christ, il est tenté de retourner
à son vieux métier, entraînant ainsi les autres disciples à sa suite. Mais là
encore, c’est le Christ qui les précède, leur indiquant le meilleur endroit
pour attraper du poisson, pour les inviter ensuite à manger du poisson et du
pain qu’il a lui-même préparé à l’avance. C’est une véritable eucharistie qui
culminera par la triple profession d’amour de Pierre et son envoi en mission.
Dès
lors, « Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t’aime » revient
à dire, Seigneur, tu connais ma faiblesse, ma lâcheté, ma peur, ma difficulté à
témoigner de toi, mon reniement… Mais au-delà de tout ça, tu sais que je reste surtout
digne de ton amour. Cette profession de foi est essentielle pour devenir le
berger du troupeau du Christ. Car à travers la résurrection de Jésus, c’est
notre propre vocation que Dieu nous dévoiler. Et cette vocation c’est de
ressembler davantage au Christ pour être capable de témoigner de lui.
Finalement, Pierre nous
apprend que aimer c’est accepter d’être dans un état de fragilité face à Celui
qui seul peut achever en nous ce qui nous caractérise. Cela exige de chacun la
conversion. Celle-ci est un temps propice à la croissance personnelle et pas
seulement dans l'optique de la foi. Dans ce chemin de recherche, la faille
devient favorable à la réflexion, la désorientation peut devenir une voie d’introspection,
le repentir peut devenir recherche de parcours alternatifs pour réorienter
notre vie. La conversion peut redonner consistance à nos vies, devenues parfois
monotones et insipides. Puissions-nous nous tourner davantage vers le Ressuscité,
en nous réconciliant avec notre passé pour réapprendre à l’aimer et à le servir
dans la joie !
Sébastien
Bangandu, aa
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