jeudi 11 avril 2013

Homélie du 3e dimanche de Pâques C : Réapprendre à aimer!


Bien chers frères et sœurs,

Chacun de nous a déjà fait, un jour ou l’autre, l’expérience du silence devant une envie pourtant réelle qui l’habite, de dire une chose à quelqu’un, de lui poser la question ou de lui proposer quelque chose… Ce fait de rester interdit par rapport à une action qu’on est pourtant capable de poser, nous laisse parfois sur notre soif dans n’importe quelle expérience. En effet, depuis que le Ressuscité se manifeste à ses disciples, il y a un peu de suspense qui, en effet, crée une distance entre lui et ses disciples, une distance qui sollicite intuition, initiative, audace et foi de la part de ceux-ci.

On le voit avec les disciples d’Emmaüs, dont les cœurs brulent en sa présence sans qu’ils ne soient capables de mettre en œuvre leur intuition, ou mieux leur foi pour le découvrir. On le voit également dans la péricope évangélique de ce dimanche : les disciples restent bouche bée devant une personne qui leur semble reconnaissable en même temps qu’étrange. Il faut l’audace de l’intuition pour arriver à reconnaître en cet étrange personnage, le Ressuscité en chair et en os.

C’est dire que Jésus ressuscité revêt un corps qui interpelle en même temps qu’il invite à beaucoup plus d’audace et de foi.  Sa présence nous met devant l’évidence de notre nature pécheresse et nous oblige à nous convertir. Mais que peut vouloir dire se convertir au Christ ressuscité ? Eh bien, cela veut dire l’aimer davantage. Ce faisant, on devient capable, tel le disciple bien-aimé, de déceler sa présence dans la banalité du quotidien et désormais  capable de le faire connaître aux autres.

C’est ce qui arrive à Pierre. Découragé par la mort du Christ, il est tenté de retourner à son vieux métier, entraînant ainsi les autres disciples à sa suite. Mais là encore, c’est le Christ qui les précède, leur indiquant le meilleur endroit pour attraper du poisson, pour les inviter ensuite à manger du poisson et du pain qu’il a lui-même préparé à l’avance. C’est une véritable eucharistie qui culminera par la triple profession d’amour de Pierre et son envoi en mission.

Dès lors, « Seigneur, tu sais tout, tu sais bien que je t’aime » revient à dire, Seigneur, tu connais ma faiblesse, ma lâcheté, ma peur, ma difficulté à témoigner de toi, mon reniement… Mais au-delà de tout ça, tu sais que je reste surtout digne de ton amour. Cette profession de foi est essentielle pour devenir le berger du troupeau du Christ. Car à travers la résurrection de Jésus, c’est notre propre vocation que Dieu nous dévoiler. Et cette vocation c’est de ressembler davantage au Christ pour être capable de témoigner de lui.

Finalement, Pierre nous apprend que aimer c’est accepter d’être dans un état de fragilité face à Celui qui seul peut achever en nous ce qui nous caractérise. Cela exige de chacun la conversion. Celle-ci est un temps propice à la croissance personnelle et pas seulement dans l'optique de la foi. Dans ce chemin de recherche, la faille devient favorable à la réflexion, la désorientation peut devenir une voie d’introspection, le repentir peut devenir recherche de parcours alternatifs pour réorienter notre vie. La conversion peut redonner consistance à nos vies, devenues parfois monotones et insipides. Puissions-nous nous tourner davantage vers le Ressuscité, en nous réconciliant avec notre passé pour réapprendre à l’aimer et à le servir dans la joie !

Sébastien Bangandu, aa

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