Bien chers frères et sœurs,
L’être humain est un
être de relation. Depuis des lustres, nombreuses recherches ont mis en évidence
ce besoin universel de liens pour garantir son épanouissement et son sentiment
de valeur personnelle. La relation à l’autre c’est l’expression de
l’amour qu’on lui porte et qu’il nous porte. Mais pour être authentique,
cet amour doit apprendre à se dessaisir de soi et de ses propres artifices, en
vue de se rendre présent, à soi, à l’autre, à Dieu. Cette présence mutuelle est
le lieu d’une rencontre où jaillit l’inattendu, le don gratuit, un chemin
nouveau.
Par ailleurs, nous le savons
bien : il est vain de chercher le mot « Trinité » dans les
Évangiles, ce qui ne manque d'ailleurs pas de surprendre certains, étonnés qu’un
si grand mystère soit absent des Écritures. En revanche, nous pouvons trouver
quelque éclairage dans le grand discours d’adieu que Jésus prononce, à l'heure
où il va passer « de ce monde à son Père ». En effet, dans ce bel
extrait de l’Evangile selon saint Jean que nous lisons en cette fête de la Sainte Trinité, on
est surtout frappé par cette affirmation de Jésus : « Tout ce que
possède mon Père est à moi. »
On le voit, c’est le jeu de
relations qui fonde théologiquement la foi en Dieu Trinité. En fait, aucune des
trois personnes de la Trinité
ne vit pour soi-même. De ce point de vue, la Trinité se trouve être un mystère de générosité
et d'effacement puisque chaque personne renvoie à une autre. Dieu envoie le
fils pour sauver l’humanité (Jn 3, 16); la nourriture du Fils, c’est de
faire la volonté de son Père et d’accomplir son œuvre (Jn 4, 34); l’Esprit
quant à lui, viendra faire accéder les disciples à la vérité tout entière et ce
qu’il dira ne viendra pas de lui ; il glorifiera Jésus en reprenant ce qui
vient de ce dernier pour nous le faire connaître.
Quelle désappropriation,
quelle harmonie dans le rôle que joue chacun des trois personnes de la Trinité ! Bien plus,
aucune affirmation théorique sur le mystère, sinon ce jeu des relations qui
unissent si étroitement le Père, le Fils et l’Esprit, qui nous y fait accéder.
Cela étant, nous sommes appelés à méditer sur les proximités et les connivences
qui caractérisent la relation de ces trois personnes, au lieu de nous attarder
sur l’aspect dogmatique de cette fête. C’est en effet une autre manière
d'affirmer que Dieu est amour. Il l'est non pas en théorie mais dans ce lien (d'amour)
qui unit intimement le Père, le Fils et l'Esprit.
Par ailleurs, la fête de la Trinité est une excellente
occasion de nous interroger sur l'équilibre de notre foi. Elle est également le
modèle de la communion, un modèle à imiter. Parce que Dieu est vivant et
personnel, Il est aussi interpersonnel comme l'être humain est interpersonnel.
Ceci dit, une personne n'est pleinement une personne que si elle est tournée
vers une autre personne, un vis-à-vis, un alter-ego, quelqu'un en face. Et Dieu
étant amour, cela implique qu'il est relationnel et communicatif dans sa nature
même.
Finalement, le
mystère de la sainte Trinité invite chacun et chacune de nous à se dessaisir
de lui-même et à se laisser saisir par le prodige de la Présence. Plus encore, il nous
dit qu’avec Jésus, la foi, la vraie foi, ne passe plus par des signes
extraordinaires, spectaculaires. Elle passe par les relations, ces liens vitaux
qui bonifient notre existence et la prédisposent à la rencontre de l’Inconnu. Voilà
pourquoi on gagnera à accueillir le mystère de la Trinité par la porte
d'entrée que Jésus nous propose : celle des relations uniques et fortes
qu'il entretient avec le Père et l'Esprit. Vue sous cet angle, la Trinité n’est pas
seulement une vérité à croire, mais bien plus encore un mystère à recevoir et
une expérience à partager.
Sébastien Bangandu, aa
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