jeudi 2 mai 2013

Homélie du 6e dimanche de Pâques C : Risquer la fidélité...


Bien chers frères et sœurs,

De nos jours, il n’est plus évident de vivre toute sa vie avec la même femme, le même homme, la même voiture, la même compagnie,… Qu’on le veuille ou non, le spectre de tant de divorces et changements de fréquences couvre de son ombre l’espoir de rester fidèle. Cela ne fait que confirmer ce qu’affirment bon nombre de personnes quand elles font valoir que la fidélité n’est pas de ce monde. Mais malgré tout, on peut encore sentir chez certains une ouverture à la fidélité, traduite par cette marque de sincérité, d’honnêteté qui caractérise une bonne part de la mentalité d’aujourd’hui.

Mais il reste toujours que la fidélité est une aventure à haut risque, de longue durée. Car la vie use. De ce point de vue, la fidélité c’est l’affaire de toute vie, selon la destinée de chacun, de chacune de nous. Dans la logique de Jésus, pour sauver la fidélité, il faut d’abord aimer : « Si quelqu’un m’aime, il restera fidèle à ma parole… » On le voit, il suffit d’aimer ! Car sans l’amour, la fidélité n’est que régularité (Pierre Talec). Et quand le cœur s’ouvre à l’amour, il rayonne. Mais le rayonnement vient d’ailleurs, du meilleur de soi-même, du tréfonds mystérieux de la personne humaine, la où Dieu établit sa demeure, puisque nous sommes temples de son Esprit.

Ainsi, habités par Dieu le Père, le Fils et l’Esprit Saint, nous pouvons alors essayer d’avancer. Désormais, l’incertitude de l’avenir ne nous fait plus sombrer dans la peur des risques qui peuvent menacer la fidélité. La sérénité qui nous habite conforte dès lors notre élan de fidélité, dans la mesure où nous faisons confiance à Dieu, mais aussi à nos possibilités d’être et d’agir, modestement, sans présomption. Vécue de cette manière, la fidélité cesse de se réduire à l’image que nous croyons nous composer pour ne pas décevoir, paraître bien ou donner un bon témoignage.

Alors nous pouvons expérimenter la paix, une paix exceptionnelle, celle que le monde ne peut donner. En fait, la paix que le Ressuscité donne à ses disciples leur offre la possibilité de demeurer confiants et sereins au milieu de tempêtes et de contradictions de ce monde. Alors, aux heures de joies tout comme aux moments sombres de notre quotidien, notre vie se laissera illuminer par cette touche de sérénité qui fait jaillir au plus profond de nous, la joie de vivre. Une telle paix ne s’appuie pas sur la réussite ni quelque sécurité humaine. La paix de Jésus est avant tout un don, et en tant que telle, elle ne nous appartient pas. Elle nous traverse et poursuit son bonhomme de chemin au cœur du monde.

Par ailleurs, le don de la paix nous ouvre à une vie nouvelle, la vie en l’Esprit. Et puisque les paroles de Jésus sont Esprit et vie (Jn 6, 63), elles nous font vivre au gré de l’Esprit en bonifiant, pour ainsi dire, notre existence au quotidien. Ainsi, notre vie s’épanouit dans l’intelligence de la parole qui nous habite et nous rend dociles aux motions de l’Esprit. C’est cet Esprit, présence permanente du Christ au monde, que Jésus promet à ses disciples, afin qu’il les remette au parfum de tous ses enseignements en faisant d’eux ses vivants témoins dans le monde.

Enfin, disons que la fidélité est une valeur sûre. Elle est également cette force qui permet de  tenir bon, de tenir à soi, aux autres, à Dieu. Elle est l’ardeur à durer dans la beauté de ce que l’on a pu découvrir au matin de sa vie, au fil des âges. Chacune, chacun de nous est traversé par les événements plus ou moins importants qui constituent la trame, le tissu de sa vie. Certains nous font vaciller, avec le risque de perdre l’équilibre, de tomber, ce qui peut faire mal, très mal même. D’autres semblent nous construire, puisqu’ils nous marquent et surtout, correspondent à quelque chose de fiable, de crédible, de solide, comme un pilier autour duquel tout pourrait se jouer. La fidélité n’est-ce pas ce support intérieur qui, malgré tout, nous fait tenir à peu près débout ?

Sébastien Bangandu, aa


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