Bien chers frères et sœurs,
Parfois, quand on s’apprête à partir d’un milieu, d’un
travail, d’une communauté, on est comme tendu et tourné vers autre chose que ce
à quoi on est habitué. La tendance c’est de ne plus se sentir concerné par ce
qui, désormais, appartient au passé. Pour Jésus, il en va autrement. Lui qui
passe de ce monde vers son Père, continue de s’occuper du sort de son Église.
Même s’il va partir, l’Église, elle, doit vivre et poursuivre sa mission, celle
de faire advenir le Règne de Dieu au monde.
Voilà pourquoi, parmi ses disciples, il en désigne
encore soixante-douze autres. La raison est toute simple : la moisson est
abondante et le nombre des ouvriers petit. Il faut donc faire appel à d’autres
ouvriers pour que cette entreprise salvifique puisse continuer à tourner. Mais
pour être à la hauteur de la tâche qui les attend, ces disciples doivent
apprendre à compter sur les autres, mais
aussi et surtout sur Celui qui est Maître de la moisson.
Or compter sur Dieu, c’est se recevoir de Lui pour
vivre en intimité profonde avec Lui. Et la prière est au cœur de toute démarche
de rencontre avec Dieu. Bien qu’il soit Fils de Dieu, le Christ, toute sa vie
durant, a conservé beaucoup d’estime pour la prière. Le disciple est appelé à approfondir cette intimité avec le
Seigneur auquel il veut consacrer sa vie. On le voit, la prière est
indispensable pour le disciple, mais aussi pour la vie
de l’Église et sa mission au monde.
En invitant ses disciples à prier le maître de la
moisson pour qu’Il y envoie des ouvriers, Jésus veut affirmer sans ambages la
prééminence de l’annonce du Règne de Dieu, qui est la raison d’être de tout
disciple. Aussi, Jésus se sent-il l’obligation de les rappeler à la réalité
concrète de la vie du disciple, afin qu’ils cessent de s’imaginer naïvement que
l’annonce de la bonne nouvelle allait leur ouvrir toutes les portes. En
conséquence, Jésus les invite à ouvrir les yeux sur le monde dans lequel ils
vivent, avec toutes ses réalités.
Par ailleurs, Jésus invite les disciples à désormais
savoir que ce monde où il les envoie n’est ni pire ni meilleur que celui dans
lequel Jésus lui-même a vécu. Dès lors, il leur importe de se refuser à
l’idéaliser ou à le diaboliser. Car c’est un monde mêlé, capable d’accueil et
de rejet, où vivent aussi bien les amis de la paix que les fauteurs des
troubles. En conséquence, les disciples devront, pour être crédibles, y vivre
« comme des agneaux », c’est-à-dire pas en conformité avec l’esprit
du monde.
Enfin, sachons que c’est le manque d’ouvriers qui
incite le disciple à marcher sur les traces de Jésus. Et cette mission, puisqu’elle nous est donnée
par un Autre, elle se doit d’être réalisée selon le bon vouloir de Celui-ci.
C’est donc un appel à nous ouvrir à l’Esprit de Dieu, seul capable de rendre
fructueux notre activité apostolique. Alors seulement, nous pourrons être en
mesure d’expérimenter la joie, la vraie, celle qui n’est pas le fruit du succès
de nos entreprises, mais la récompense que Dieu accorde au serviteur bon
fidèle.
Sébastien Bangandu, aa
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