Bien chers frères et sœurs,
Où trouver un bon Samaritain ? C’est la question
que nous nous posons parfois, quand nous sommes taraudés par des difficultés de
la vie. En effet, le bon Samaritain, on n’en trouve pas partout. Et c’est
parfois à travers ceux et celles sur qui l’on compte moins que se révèle le visage
du bon Samaritain. L’Évangile de ce jour l’illustre bien. C’est dire que notre
monde est comparable à un chemin de campagne, lieu de tous les dangers et
incertitudes, un chemin si semblable à l’itinéraire de vie de chacun et chacune
de nous.
C’est aussi un monde du ‘chacun pour soi’, du ‘sauve
qui peut’, dans lequel jeter un regard d’amitié autour de soi, donner un peu de
son temps, intervenir quand il le faut ne sont pas de gestes évidents. Vivre
heureux dans un tel monde suppose qu’on ait l’esprit alerte, en faisant plus attention
à ce qui se passe autour de nous. Cela permet d’être constamment au parfum de
l’actualité et d’habiter réellement notre environnement immédiat en devenant, au
fil des jours, des hommes et des femmes de notre temps. Cela est important car,
le paradoxe de notre monde hyper communicationnel c’est qu’on reste absent à ce
qui se vit autour de soi.
Pourtant, l’évangile du jour nous indique clairement
que nos trois voyageurs n’étaient pas indifférents à ce qui se passait autour
d’eux. Chacun a su voir cet infortuné qui gisait au sol, sollicitant un geste
de secours fraternel, mais c’est seulement le Samaritain qui s’en est approché.
Ceci veut dire qu’il ne suffit pas seulement de voir ou de constater, il faut surtout
se faire présent à ce que l’on voit. Car nous vivons dans un monde régit par
des lois et des principes qui, à la longue, peuvent nous déshumaniser. En
effet, le style de vie que nous impose le monde moderne, nous fait facilement vivre
dans un parfait anonymat, amenuisant du même coup notre aptitude à la rencontre
humaine.
Le mérite du bon Samaritain c’est d’avoir été capable
de sortir du carcan des coutumes, des lois et de principes pour faire prévaloir
l’humanité de l’autre. Quoiqu’en face d’un ‘frère ennemi’, l’homme s’est senti
l’obligation de descendre de sa monture pour se pencher vers lui. Même si
celui-ci n’était pas un proche, il méritait bien d’être approché, vue la misère
dans laquelle il se trouvait. En descendant de sa monture, l’homme rejoint son
prochain en humanité, comme Dieu qui descendit du ciel pour s’incarner au monde.
On est parfois bien perché dans nos principes qu’on a
du mal à descendre pour répondre à l’urgence de la fraternité. Etre le prochain
de quelqu’un c’est lui montrer qu’on a tous des entrailles de chair et être
capable de s’émouvoir à la vue de la détresse de l’autre. Dans cet étrange
voyageur se discerne la venue en chair du Fils de l’homme, qui n’a pas épargné
sa propre vie pour nous sauver. Dans cet humble étranger venu de nulle part,
c’est le verbe de Dieu qui se fait proche de nous, pour que nous n’ayons plus
qu’à vivre de Lui.
Disons en terminant qu’à l’instar de ce docteur de la
loi, Jésus nous invite à sortir de cette vision étriquée de la vie qui consiste
à sélectionner ceux et celles qui auraient le droit de recevoir notre amour. Le
vrai secret pour réussir notre vie chrétienne se trouve dans ce culte du souci inconditionnel
de l’autre, en se laissant toucher par ces regards péniblement attristés que
nous rencontrons au quotidien et qui sollicitent notre sympathie. C’est ce que
fit Dieu le Père, qui, touché par la misère de son peuple, envoya son fils, né
de Marie, pour nous apporter le salut. Que sa miséricorde nous pousse à ouvrir
les yeux autour de nous et nous donne le courage du geste fraternel dans la
mesure du possible. C’est de cette façon que dès ici-bas, nous participerons à
la vie éternelle.
Sébastien Bangandu
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