Bien chers frères et sœurs,
« Le fils de l’homme, quand il viendra,
trouvera-t-il la foi sur la terre ? » Telle est la question par
laquelle Jésus conclue cette parabole. Elle indique bien l’écart qui existe
entre la foi et la persévérance dans la recherche de Dieu, et plus spécialement
à travers la prière.
Mais à quoi bon persévérer si on a devant soi un
cynique, insensible à nos appels ? C’est la difficulté à laquelle se bute
cette veuve, malgré son insistance à demander justice. Ce juge cynique, dont
Jésus nous trace un portrait sans concession, se félicite de ne craindre
personne, ni même Dieu. Face à un tel homme, il est d’office vain d’espérer à
un mouvement de bonté ou compassion. On est d’avance perdant.
Face à ce défi, comment réussir la traversée ?
Apparemment, aucun espoir n’est permis. Cependant, si Jésus met en scène cette veuve,
c’est surtout à cause de son indigence, voire son impuissance à faire face à
cet homme coriace et imperturbable. Ce faisant, il fait valoir la force de la
faiblesse, une attitude qui, au bout du
compte, fini par trouver gain de cause.
A la suite du Christ, l’apôtre Paul a fait la même
expérience et a fini par affirmer : « Lorsque je suis faible, c’est
alors que je suis fort» (2 Cor 12, 10). Loin de faire l’éloge de la faiblesse,
Paul nous fait comprendre que c’est au travers de nos épreuves, de nos faiblesses,
de notre indigence que la prière fait son chemin en nous jusqu’à atteindre
l’objet de sa recherche.
Devant la faiblesse de cette veuve, le juge cynique
est déjà conquis, puisqu’il ne peut continuer de s’attaquer à une personne sans
défense. C’est ainsi que Jésus répond à la soif de prière de ses disciples. Il
leur enseigne une prière désarmée, faible, mais pourtant emprunte de foi, une foi
capable de reconnaître la grandeur de Dieu, qui choisit ce qui est faible dans
le monde, pour confondre ce qui est fort (cf. 1 cor 1, 27-28).
Décidément, le Dieu de
Jésus Christ affole nos idées reçues quand il se dévoile dans la faiblesse et
le déshonneur, et ce, pas à moitié ou seulement en apparence, mais radicalement
et réellement. Un Dieu si puissant qu’il
«peut» se laisser crucifier; la puissance d’un amour et non, là encore de
manière humaine, trop humaine, un amour de la puissance.
Enfin, voilà le
renversement inouï qui, aujourd’hui, peut nous donner à penser et à vivre. Vivre
notre foi aujourd’hui, c’est apprendre à intégrer nos vulnérabilités, nos faiblesses,
sans vouloir les idolâtrer ni les nier, mais en cherchant à nous configurer à
la personne du Christ faible, pauvre et impuissant, dont le christianisme, aujourd’hui et demain,
aura toutes les peines du monde à témoigner.
Sébastien Bangandu, aa
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