Bien chers frères et sœurs,
Dans la vie, il arrive
parfois qu’on soit humilié et qu’on devienne, du coup, objet de moqueries, de
railleries, d’insultes ou de médisances. Chacun de nous peut l’avoir déjà
l’expérimenté. L’humiliation rabaisse et peut parfois provoquer chez certains
des sentiments de violence inouïs. Mais s’il est déjà difficile pour un homme
ordinaire d’accepter l’humiliation, il est encore plus difficile lorsqu’il
s’agit d’un roi. Par ailleurs, de même
qu’il est gênant pour un enfant de voir humilier son père ou sa mère en sa
présence, il est tout aussi inacceptable pour un sujet de voir humilier son
chef en sa présence.
Or, nous savons bien que le
roi, dans l’arène politique, c’est le premier citoyen, le meilleur,
l’honorable. Mais qui dit roi dit aussi privilège, pouvoir et pouvoir absolu; c'est
donc celui qui règne, qui domine et que l'on sert. Pourtant, Jésus vient
totalement inverser cette perspective. Pour Lui, alors que les rois des nations commandent en maîtres, le plus grand
de ses disciples doit se comporter comme
le plus petit, et celui qui gouverne comme celui qui sert (Lc 22, 25-26).
Et toute sa vie durant,
Jésus sera incompris même de la part de ses apôtres à cause sa vision de la
royauté. Ceux-ci auront bien du mal à comprendre cet enseignement car, comme
tout le peuple juif, ils attendaient un nouveau roi qui gouvernerait à la
manière des rois de ce monde. Mais Jésus a toujours pris ses distances face à
cette idéologie : « Ma royauté n'est pas de ce monde ». Bien plus, cette royauté est proclamée alors
même qu’il meurt sur la croix. Un roi défiguré, marqué par la
souffrance, rejeté par les siens, injurié et condamné, devant qui on détourne
le regard, mais reconnu par un malfaiteur comme Fils de Dieu.
Réduit à l’impuissance
absolue, privé de mobilité et de liberté d’action, Jésus est absolument la
risée de ses adversaires qui maintenant se réjouissent de sa débâcle. Quelle
étonnante figure pour un roi, un fils de Dieu? L’homme qui a guéri les malades,
fait parler les sourds, ouvert les yeux des aveugles, fait marcher les boiteux
est aujourd’hui incapable, à l’impuissance où il est réduit, de se sauver
lui-même.
Face à ce que Jésus vit
aujourd’hui, nous nous a apercevons que l’idée que nous nous faisons de la
royauté (terrestre) est très étroite pour amorcer une réflexion judicieuse sur
la royauté de Jésus. Car désormais, l’analogie des images et des attributions
des rois terrestres ne suffit plus à définir le royaume prêché par Jésus
Christ. En fait, pour Jésus, c’est par le chemin de l’impuissance et de
l’inertie, voire du silence absolu qu’il faut passer pour être digne de son
Royaume.
En définitive, le chemin de l’humiliation
est essentiellement celui qui conduit à la gloire pour ceux et celles qui ont
choisi d’aimer jusqu’au bout. Loin de nous priver de notre dignité, Jésus, par
son humiliation veut nous libérer des idoles auxquelles nous tenons tant et
ouvrir le chemin intérieur par lequel Dieu vient à nous. Annoncer le royaume de Jésus aujourd’hui c’est
apprendre à intégrer notre propre fragilité, et bien sûre, notre propre mort,
afin de pouvoir naître à la vraie vie. Tout être humain qui vit d'amour se fait
proche de ce Roi crucifié que nous fêtons aujourd'hui.
Sébastien Bangandu, aa
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