vendredi 11 juillet 2014

Homélie du 15e dimanche ordinaire A : Laisser la parole prendre racine en nous...



Bien chers frères et sœurs,

Doté d’une extraordinaire intuition pédagogique, Jésus savait profiter des événements et des circonstances pour passer son message. Et cela valait la peine au regard des oppositions et des contradictions dont il était l’objet de la part des Pharisiens et des Scribes. Enseigner à partir d’un fait concret donnait une saveur nouvelle à son enseignement et cela disposait bien les esprits à prêter attention à ce qu’il disait. C’est ce qu’on peut dire de ce discours parabolique qui, en effet, fait suite à la demande de sa famille qui veut le voir. 

En réponse à leur requête, Jésus étend sa famille à tous ceux et celles qui écoutent sa parole et font la volonté du Père. En sortant dehors, en débordant les limites de sa famille restreinte, Jésus s’adresse aux foules en parlant d'un grain qui pousse et fructifie en fonction du sol qui l’accueille. En parlant, Jésus utilise les images plus ou moins parlantes et dans un langage simple. Mais la foule ne peut comprendre ses paroles, en raison de leur caractère énigmatique. L'histoire du semeur, d'une banale simplicité aux yeux de la foule, est pourtant ressentie comme plus compliquée que ça, et qui plus est mystérieuse par ceux et celles qui acceptent de s'interroger. 

Mais pour Jésus, c’est précisément l'aveuglement et la surdité d'une foule au cœur épaissi qui en est la cause principale. Ainsi, sans désir de conversion, le voile reste, l'énigme demeure. Et cela nous oblige à reconsidérer la fonction des paraboles dans la vie. En effet, ordinairement nous les prenons comme des métaphores qui favorisent la compréhension, en donnant aux mots leur indicible sens spirituel. Par ailleurs, elles sont considérées comme des lieux de révélation. 

Cela dit, la parabole du semeur pourrait ici avoir comme fonction de questionner, d’orienter,  plutôt que de donner des réponses; de nous mettre en soif d'aller plus loin, plutôt que de nous apprivoiser. Il est temps pour chacun de revenir à soi et de se demander s’il n’y aurait pas des épines, des oiseaux gourmands, des espaces arides et rocheux au fond de notre cœur. La réponse n'a rien d'évident. Mais tant qu'on reste un auditeur extérieur, superficiel, fermé aux appel de l’Esprit, la parabole n'opère pas. 

C'est donc la « posture », la disposition du cœur de celui qui écoute qui va déterminer la possibilité de comprendre, puisque le grain ne pousse pas dans les ronces, les pierres, au bord du chemin. Il y a des conditions nécessaires, sans lesquelles rien ne se passe. C’est alors que, de cette foule indistincte sortiront des disciples, du fait que tous n'ont pas le cœur sec, pierreux, envahi… Voilà pourquoi se convertir au Christ, c'est quitter le monde des idées simples et gratuites pour entamer son pèlerinage en marchant sur une voie dont Dieu seul connaît le secret.

Finalement, l'enseignement de Jésus nous atteint sur deux plans : un plan extérieur que tout le monde peut - du moins apparemment, comprendre, et un plan caché, intérieur, que seuls les disciples, c’est-a-dire ceux et celles qui acceptent de suivre Jésus, peuvent saisir non parce qu'ils seraient privilégiés, mais parce qu'ils regardent et écoutent autrement le Christ. Ceci dit, il faut s'approcher du Christ, devenir aussi proche que son frère, sa sœur, sa mère pour saisir le mystère du Royaume. Voilà qui nous aiderait à vraiment devenir disciples.
Sébastien Bangandu, aa

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