Bien chers frères et sœurs,
Doté d’une extraordinaire intuition
pédagogique, Jésus savait profiter des événements et des circonstances pour
passer son message. Et cela valait la peine au regard des oppositions et des
contradictions dont il était l’objet de la part des Pharisiens et des Scribes.
Enseigner à partir d’un fait concret donnait une saveur nouvelle à son
enseignement et cela disposait bien les esprits à prêter attention à ce qu’il
disait. C’est ce qu’on peut dire de ce discours parabolique qui, en effet, fait
suite à la demande de sa famille qui veut le voir.
En réponse à leur requête, Jésus étend
sa famille à tous ceux et celles qui écoutent sa parole et font la volonté du
Père. En sortant dehors, en débordant les limites de sa famille restreinte,
Jésus s’adresse aux foules en parlant d'un grain qui pousse et fructifie en
fonction du sol qui l’accueille. En parlant, Jésus utilise les images plus ou
moins parlantes et dans un langage simple. Mais la foule ne peut comprendre ses
paroles, en raison de leur caractère énigmatique. L'histoire du semeur, d'une
banale simplicité aux yeux de la foule, est pourtant ressentie comme plus
compliquée que ça, et qui plus est mystérieuse par ceux et celles qui acceptent
de s'interroger.
Mais pour Jésus, c’est précisément l'aveuglement
et la surdité d'une foule au cœur épaissi qui en est la cause principale. Ainsi,
sans désir de conversion, le voile reste, l'énigme demeure. Et cela nous oblige
à reconsidérer la fonction des paraboles dans la vie. En effet, ordinairement
nous les prenons comme des métaphores qui favorisent la compréhension, en
donnant aux mots leur indicible sens spirituel. Par ailleurs, elles sont
considérées comme des lieux de révélation.
Cela dit, la parabole du semeur pourrait
ici avoir comme fonction de questionner, d’orienter, plutôt que de donner des réponses; de nous
mettre en soif d'aller plus loin, plutôt que de nous apprivoiser. Il est temps
pour chacun de revenir à soi et de se demander s’il n’y aurait pas des épines,
des oiseaux gourmands, des espaces arides et rocheux au fond de notre cœur. La
réponse n'a rien d'évident. Mais tant qu'on reste un auditeur extérieur,
superficiel, fermé aux appel de l’Esprit, la parabole n'opère pas.
C'est donc la « posture »,
la disposition du cœur de celui qui écoute qui va déterminer la possibilité de
comprendre, puisque le grain ne pousse pas dans les ronces, les pierres, au
bord du chemin. Il y a des conditions nécessaires, sans lesquelles rien ne se
passe. C’est alors que, de cette foule indistincte sortiront des disciples, du
fait que tous n'ont pas le cœur sec, pierreux, envahi… Voilà pourquoi se convertir
au Christ, c'est quitter le monde des idées simples et gratuites pour entamer
son pèlerinage en marchant sur une voie dont Dieu seul connaît le secret.
Finalement, l'enseignement de Jésus nous
atteint sur deux plans : un plan extérieur que tout le monde peut - du
moins apparemment, comprendre, et un plan caché, intérieur, que seuls les
disciples, c’est-a-dire ceux et celles qui acceptent de suivre Jésus, peuvent
saisir non parce qu'ils seraient privilégiés, mais parce qu'ils regardent et écoutent
autrement le Christ. Ceci dit, il faut s'approcher du Christ, devenir aussi
proche que son frère, sa sœur, sa mère pour saisir le mystère du Royaume. Voilà
qui nous aiderait à vraiment devenir disciples.
Sébastien
Bangandu, aa
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