jeudi 25 septembre 2014

Homélie du 26e dimanche ordinaire A: Que votre "non" soit "oui"...



Bien chers frères et soeurs,

Le principe de contradiction énonce que la conjonction d'une proposition et de sa négation est toujours fausse. C'est pourquoi il semble qu'il ne soit pas permis de se contredire, puisque se contredire, c'est nécessairement avoir des croyances fausses. Ainsi, personne ne veut se contredire, puisque cela revient à adopter consciemment des croyances fausses. Mais si l’on considère qu’il y a un espace- temps qui s’écoule entre les deux, et qui permet de réajuster ses idées, on est en droit de dire qu’il est tout de même permis de se raviser. Ceci dit, on a le droit de se contredire, on a le droit de changer d’avis, d’ailleurs ne dit-on pas que seuls les imbéciles n’en changent pas?
 
Néanmoins, il convient de chercher à comprendre dans quel contexte cette attitude aurait un sens. Dans l’évangile de ce jour, la parabole de deux fils, il s’agit d’un père qui a deux fils. A chacun il demande d’aller travailler à sa vigne. Le premier répond qu’il n’ira pas, mais se ravise et va travailler. Le deuxième répond volontiers à cet appel, mais finalement n’y va pas. Jésus pose alors la question centrale «lequel des deux a fait la volonté du père ?», ou mieux, au-delà des apparences, lequel des deux obéit vraiment son Père comme un Fils. Et les chefs des prêtres répondent bien : « le premier ». 

Alors, de leur propre réponse, Jésus tire les conclusions en rapport avec ce que vivent d’une part les publicains et les prostituées et, d’autre part, les autorités religieuses hypocrites, mais qui avaient une bonne réputation. Pour lui, le fils qui a dit d’abord non à son père mais qui, après réflexion s’est ravisé et a consenti d’aller travailler à la vigne, représente les «publicains et les prostituées». En effet, ces derniers étaient méprisés et rejetés dans la société, à cause de leur inconduite. Amis des païens, impurs de surcroit, ils ne pouvaient pas offrir des sacrifices dans le temple. Mais Jésus les considère comme des vrais héritiers du Royaume parce qu’ils se sont laissés toucher par la parole de Dieu et ont changé leur manière de vivre.

Par contre, le fils qui dit : « oui Seigneur », mais qui ne va pas à la vigne représente les Scribes et les Pharisiens, qui disent et qui ne font pas; qui font porter des jougs aux autres,… Menant une vie de façade, ils réussissent à convaincre tout le monde qu’ils sont parfaits, alors qu’en réalité ils sont eux aussi pécheurs et corrompus. Et quand Jean Baptiste a proposé son baptême de conversion, ils sont demeurés imperturbables et ont opposé une résistance farouche à ses enseignements. 

La parabole des deux fils est une illustration parfaite de nos existences personnelles. En effet, autour de nous et sur le chemin de notre vie, nous rencontrons parfois des vies qui semblent bien dire oui à Dieu mais qui, en réalité se refusent secrètement à lui. Elles honorent les Seigneur des lèvres… (cf Is 29, 13). Cependant, nous voyons parfois changer des choses autour de nous : des conversions qui s’opèrent, des révoltes et des péchés qui finissent par céder à la douce invitation de Jésus. Alors, leur « non » initial se change en « oui ». Tout cela devait nous mettre en route, éveiller notre conscience à la présence et à l’action l’Esprit du Seigneur au cœur de nos vies.

Enfin, la parabole de deux fils nous atteint et nous interpelle aujourd’hui dans la situation où nous nous trouvons concrètement. Si nous sommes de ceux et celles qui se contentent de soigner leur image extérieure de marque et négliger la vie intérieure, le Christ nous invite à la conversion du cœur. Si nous sommes de ceux et celles qui se sentent incapables de s’approcher de Dieu, sachons qu’Il nous attend les bras ouverts. Seulement il invite, par l’entremise de l’Apôtre Paul à nous considérer, à nous respecter les uns les autres, étant donné que nous sommes tous et doutes dignes de sa miséricorde infinie  « Par honneur, usez de prévenances réciproques, rivalisez d'estime réciproque, mettez du zèle à vous respecter les uns les autres » (Rm 12, 10). 

Sébastien Bangandu, aa

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