samedi 25 octobre 2014

Homélie du 30e dimanche ordinaire A : Aimer, un devoir?



Bien chers frères et sœurs

Aimer, chez les humains, ne se commande pas. L’amour est un sentiment qui  commande bien plus qu'il ne se commande. Un amour de commande, d’obligeance, peut-il être sincère ? Dans la doctrine de la vertu, le philosophe Kant écrit : «L’amour est une affaire de sentiment et non de volonté; je ne peux aimer parce que je le veux, encore moins parce que je le dois; il s’ensuit qu’un devoir d’aimer est un non-sens.»

Ce qui, en revanche, semble poser un vrai problème, c'est qu'aussi bien dans l'Évangile que dans l'Ancien Testament l'amour de Dieu fasse l'objet d'un commandement, d'une prescription, d’une injonction. Or, en regardant la chose de près, on peut se dire que l'amour de Dieu lui-même n'est pas aussi spontané et naturel que celui des humains.

Devant des divinités qu’on ne connait pas ou que l'on connaît mal, l'attitude spontanée a souvent été celle de la crainte, qui peut se muer en vénération ou encore à l'attention à accomplir les rites de nature à bénéficier de leur bienveillance et de leur protection. Il ne vient pas à l'esprit, même de façon spontanée, de les aimer. Nous savons aussi bien que dans l'Ancien Testament, la crainte de Dieu, ce Dieu que l'on ne peut voir sans mourir (Ex 33,20), est un sentiment bien plus naturel que l'amour.

L’appel à aimer Dieu dans l'Ancien Testament et bien plus encore dans le Nouveau, est une invitation à donner une réponse à Dieu qui le premier nous a aimés (1 Jean 4:19). De ce point de vue, l’amour humain n'est que la réponse émerveillée à l'initiative d'un Dieu qui progressivement nous révèle son amour.

 

Mais aimer Dieu ne va pas sans aimer son prochain. Et qui est ce prochain, sinon celui ou celle qui parfois nous incite, malgré nous, à réaffirmer avec courage notre fraternité par des gestes et des actions prophétiques. La réponse de Jésus dans la parabole du bon Samaritain est à ce sujet éclairante. Elle nous montre que le prochain, c’est parfois ce lointain, cet ennemi, celui ou celle que j’évite, que je répugne… Ainsi, aimer Dieu et aimer son prochain, ne veut rien dire de plus que vivre au gré de l’amour. Un amour qui se donne, et ne veut rien garder pour soi.
Sébastien Bangandu, aa

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