samedi 6 juin 2015

Homélie du Saint Sacrement B: La table est prête...



Bien chers frères et sœurs,

Jésus et ses disciples aimaient bien célébrer, manger, boire, … surtout lorsqu’ils se retrouvaient entre amis. D’ailleurs son premier miracle s’effectue dans un contexte de fête où il double la joie des convives en changeant l’eau en vin (Jn 2, 1-11). Les Évangiles recèlent divers épisodes où Jésus nourrit les foules avec du pain et des poissons. Par ailleurs, Jésus avait également la réputation aussi bien de manger avec les pauvres, les publicains, les pécheurs que de festoyer avec des riches de son temps.

Ainsi, Jésus démystifie les rites et les règles de son temps, en se montrant ouvert non seulement aux gens bien, mais aussi à ceux et celles qui étaient méprisés ou marginalisés. Par ailleurs, son attitude face aux repas avait même attiré la jalousie de ses ennemis qui l’accusaient d’être un glouton et un ivrogne (Lc 7, 34). Mais par sa présence, sa participation, Jésus donne leur pleine valeur aux nourritures terrestres, aux repas des hommes. Ce faisant, il nous invite à respecter les lois de l’hospitalité et à conserver un point de vue équilibré en la matière.

Mais Jésus savait surtout que manger et boire avaient l’avantage de rassembler, de tisser les liens, de créer la communion, de réconcilier les humains. Et au-delà des aspects purement festifs et matériels de ces moments, Jésus voulait en faire des occurrences pour passer le message du salut. Ainsi, le repas, avant d’être nourriture et breuvage, symbolise la personne même de Jésus, par qui se réalise la communion entre Dieu et son peuple tout entier.

Quant à l’Eucharistie, celle-ci se trouve être la mémoire et l’actualisation d’une vie donnée pour le salut du genre humain. Commémorer, actualiser, cela correspond à l’appel de Jésus qui nous invite à faire cela en mémoire de Lui. Il y a dans cet appel un écho très fort du mémorial que Dieu demande aux enfants d’Israël lors de la Pâque, grand événement libérateur. Ainsi, chacun, chacune devrait être à l’eucharistie comme s’il était présent à l’offrande du Christ qui se donne. Faire mémoire, c’est aussi se souvenir de l’avenir en se disant que si Dieu a libéré son peuple, il continue de le faire et le fera toujours, de façon définitive.

Prendre part au repas eucharistique c’est aussi, d’une certaine manière, se remémorer, faire revivre ces moments qu’il partageait avec ses disciples, en donnant libre cours à la circulation de la parole. L’eucharistie, signe d’amour, ferment d’unité est comme un centre de résonance où se déploie toute la polyphonie de l’histoire du salut. En participant à ce repas mémorial, chacun de nous retrouve son identité profonde et fait grandir son intimité avec Jésus Christ.  

Enfin, la table est prête. A ce repas où Jésus nous invite, l'ambiance doit être celle d'un repas qui rassemble, qui libère et qui dispose les convives au bonheur de se mettre en marche vers un avenir de liberté. Moment très dense célébré en famille, Jésus mange cette pâque en évoquant le passé et en expliquant le présent, avec ses inquiétudes, mais en projetant aussi l'avenir qui prend corps et se construit petit à petit. Comme les disciples, fortifiés par ce repas, nous sommes toutes et tous  invités à nous lever, à reprendre la marche, en affrontant les joies et les peines de la vie quotidienne, avec courage et espérance.
Sébastien Bangandu, a.a.