Bien chers frères et sœurs,
La liturgie de ce jour s’articule autour des
difficultés éprouvées par le prophète dans son ministère de prédicateur. Même
s’il est l’envoyé de Dieu, rien ne garantit que le prophète sera écouté. Bien
au contraire, le Seigneur attire son attention sur les difficultés qui
l’attendent. Cela est important puisque le peuple auquel il est envoyé est «
rebelle, ses fils ont le visage dur et le cœur obstiné.»
L’Évangile illustre parfaitement cette réalité.
Jésus, après avoir déployé une intense activité apostolique ailleurs, rentre
chez lui à Nazareth, sans doute pour y retrouver les siens et prendre un temps de
repos en famille. Et à Nazareth, Jésus retrouve tout naturellement sa famille,
le monde de son enfance, ses amis et connaissances. Comme à son habitude, il se
rend à la synagogue le jour du sabbat, et là, il commence à enseigner. Son
enseignement est exceptionnel puisqu’il est empreint d’une sagesse extraordinaire
qui, du coup, scandalise les gens de son village.
Ils se demandent comment ce gars qu’ils connaissent
bien, qu’ils ont vu grandir, qui est l’un d’eux, peut-il faire preuve d’autant
de sagesse. En effet, ils lui reprochent de ne pas être comme eux. Jaloux, ils
s’interdisent de l’accueillir et refusent de croire en Lui. C’est parfois au
travers de leurs bassesses, de leurs limites, de leurs imperfections, que nous
nous souvenons de certaines personnes que nous avons eues à connaître. Et Jésus
tire de cette mésaventure qu’un prophète n’est méprisé qu’en son pays, sa
famille et sa propre maison!
Ainsi les pires obstacles à la foi sont ces
préjugés qui réduisent les autres à leur humanité, à leur faiblesse. On pense
bien les connaître. On leur colle toutes sortes d’étiquettes. On pense qu’ils
sont et resteront ce qu’ils sont. Ils ne pourront jamais changer. Parfois ce
sentiment d’indignité peut aussi venir de nous-mêmes, de notre difficulté à
changer. Saint Paul l’a expérimenté.
C’est dire que la foi n’est pas un fleuve
tranquille. Elle se vit toujours en tension avec tout ce qu’il y a d’humain en
nous. Paul nous dit qu’il est travaillé dans sa chair par une écharde qui n’est
rien d’autre que cette résistance qui l’habite et qui s’oppose ainsi à
l’évangile dont il est porteur. Mais c’est le fait de prendre conscience de
cette tension qui le rend fort : lorsqu’on ne se surestime pas, lorsqu’on
apprend à assumer ses faiblesses, on en sort affermi.
Le temps des vacances est propice aux rencontres.
Il va nous ramener peut-être dans notre pays, ou dans un milieu où nous avons
vécu. Nous aurons l’occasion d’y revoir encore ceux et celles que nous avons connus,
côtoyés, aimés ou même haï…Saurons-nous porter sur eux un regard nouveau? Prions
pour que chaque rencontre humaine devienne pour nous le lieu de la rencontre de
Dieu, lieu où se vit notre foi.
Sébastien Bangandu, a.a.
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