samedi 18 février 2017

Homélie du 7e dimanche ordinaire A: La perfection, une bienveillance active…



Bien chers frères et soeurs,

Nous nous retrouvons face au même balancement de dimanche dernier  entre : ‘‘Vous avez appris…’’ et ‘‘Eh bien ! moi je vous dis…’’ Ce mouvement stylistique a pour objectif de nous orienter vers un nouvel horizon, qui met au clair ce que Jésus veut nous communiquer : la loi nouvelle, celle de l’amour inconditionnel de Dieu et du prochain. Toute personne désireuse de suivre Jésus est invitée à intégrer dans son vécu quotidien cette loi nouvelle.

C’est parfait !

Il va sans dire que nous vivons dans une société de compétition qui souvent confronte notre sentiment de compétence, d’accomplissement et de réussite. On entend souvent dire que la quête de la perfection est la maladie du siècle. Pour plusieurs d’entre nous, être parfait c’est ‘réunir toutes les qualités, sans avoir de défauts’, c’est réussir. Cela semble un peu vrai du fait que notre société n’oublie pas les faux pas et parce que l’on croit qu’on jouirait d’une grande considération si on était ‘parfait’.

Ainsi, tout échec est très mal vécu, et peut même conduire à un sentiment de honte et de sous-estimation de soi. On peut dire tout ce qu’on veut, mais un échec, c’est toujours difficile à vivre et, parfois, à surmonter même si ce n’est jamais une fin. Mais qui peut être toujours ‘fashion’, ‘à la pointe’, ‘in’, ‘super pro’ dans tout ce qu’il fait ? Une telle perfection ne dépasse-t-elle pas les limites de notre nature humaine?

Soyez parfaits…

Etre parfait c’est être cohérent avec nous-mêmes en ayant la conscience vive de nos limites et fragilités. Ce qui aide à nous intégrer progressivement à la vie de Dieu afin qu'Il nous transforme de l'intérieur et nous rende spontanément vrais et capables d'aimer. En d’autres mots, c’est une imitation du Christ qui, petit à petit, fait son chemin en nous au quotidien. C’est être en quête de conversion, en se renouvelant sans cesse pour s’ajuster à la sainteté de Dieu.

On le voit, l'exigence du Christ est donc très grande. C’est dire que suivre Jésus-Christ n’est pas une aventure facile. La vie chrétienne est pour ainsi dire une histoire d’amour. Peut-être avons-nous tendance à l’oublier. Seul l’amour sanctifie. Seul l’amour rend parfait comme Dieu est parfait. En ce monde marqué par la violence, la haine, la division, la douceur de l’amour a parfois un douloureux prix. Pourtant, il nous faut aller jusqu'au bout de cette démarche qui consiste à devenir semblables à Dieu, à devenir enfants de Dieu au sens fort, puisque nous avons été créés à son image et à sa ressemblance.

Sur les traces des saints…

En fait, les saints sont avant tout nos frères et sœurs qui ont vécu leur vie chrétienne dans la plénitude de la foi. Mais ce sont surtout des personnes qui ont beaucoup aimé. Passionnément aimé. Ils ont aimé Dieu, mais aussi aimé cette créature merveilleuse qu’est l’être humain. Grace à eux, la perfection peut  finalement être comprise comme étant une école de solidarité et de bienveillance active envers l’autre, frère ou ennemi, que le Seigneur met sur notre chemin de vie.

Somme toute, comme l’a si bien dit Marcel DUMAIS, ‘‘l’éthique de la perfection chrétienne est une éthique du devenir : c’est progressivement que nous imitons la perfection du Père et que nous devenons véritablement ses fils dans notre façon d’être et d’agir’’[1]. En ce septième dimanche du temps ordinaire, nous sommes invités, de façon toute spéciale, à reconnaître notre incapacité à aimer comme Dieu nous le demande. Prions pour que chacun découvre la beauté de ce chemin de la perfection, ferment d’un monde nouveau.

Sébastien Bangandu, a.a.


[1]Marcel DUMAIS, ''Le Sermon sur la Montagne'', in Cahier Évangile n° 94 (1995), p. 43.

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