Bien chers frères et soeurs,
Nous
nous retrouvons face au même balancement de dimanche dernier entre : ‘‘Vous avez appris…’’ et ‘‘Eh
bien ! moi je vous dis…’’ Ce mouvement stylistique a pour objectif de nous
orienter vers un nouvel horizon, qui met au clair ce que Jésus veut nous
communiquer : la loi nouvelle, celle de l’amour inconditionnel de Dieu et
du prochain. Toute personne désireuse de suivre Jésus est invitée à intégrer
dans son vécu quotidien cette loi nouvelle.
C’est parfait !
Il
va sans dire que nous vivons dans une société de compétition qui souvent
confronte notre sentiment de compétence, d’accomplissement et de réussite. On
entend souvent dire que la quête de la perfection est la maladie du siècle. Pour
plusieurs d’entre nous, être parfait c’est ‘réunir toutes les qualités, sans
avoir de défauts’, c’est réussir. Cela semble un peu vrai du fait que notre
société n’oublie pas les faux pas et parce que l’on croit qu’on jouirait d’une
grande considération si on était ‘parfait’.
Ainsi,
tout échec est très mal vécu, et peut même conduire à un sentiment de honte et
de sous-estimation de soi. On
peut dire tout ce qu’on veut, mais un échec, c’est toujours difficile à vivre
et, parfois, à surmonter même si ce n’est jamais une fin. Mais qui peut être
toujours ‘fashion’, ‘à la pointe’, ‘in’, ‘super pro’ dans
tout ce qu’il fait ? Une telle perfection ne dépasse-t-elle pas les
limites de notre nature humaine?
Soyez parfaits…
Etre
parfait c’est être cohérent avec nous-mêmes en ayant la conscience vive de nos
limites et fragilités. Ce qui aide à nous intégrer progressivement à la vie de
Dieu afin qu'Il nous transforme de l'intérieur et nous rende spontanément vrais
et capables d'aimer. En d’autres mots, c’est une imitation du Christ qui, petit
à petit, fait son chemin en nous au quotidien. C’est être en quête de conversion,
en se renouvelant sans cesse pour s’ajuster à la sainteté de Dieu.
On
le voit, l'exigence du Christ est donc très grande. C’est dire que suivre Jésus-Christ
n’est pas une aventure facile. La vie chrétienne est pour ainsi dire une
histoire d’amour. Peut-être avons-nous tendance à l’oublier. Seul l’amour
sanctifie. Seul l’amour rend parfait comme Dieu est parfait. En ce monde marqué
par la violence, la haine, la division, la douceur de l’amour a parfois un
douloureux prix. Pourtant, il nous faut aller jusqu'au bout de cette démarche
qui consiste à devenir semblables à Dieu, à devenir enfants de Dieu au sens
fort, puisque nous avons été créés à son image et à sa ressemblance.
Sur les traces des saints…
En
fait, les saints sont avant tout nos frères et sœurs qui ont vécu leur vie
chrétienne dans la plénitude de la foi. Mais ce sont surtout des personnes qui
ont beaucoup aimé. Passionnément aimé. Ils ont aimé Dieu, mais aussi aimé cette
créature merveilleuse qu’est l’être humain. Grace à eux, la perfection peut finalement être comprise comme étant une école
de solidarité et de bienveillance active envers l’autre, frère ou ennemi, que
le Seigneur met sur notre chemin de vie.
Somme
toute, comme l’a si bien dit Marcel DUMAIS, ‘‘l’éthique de la perfection
chrétienne est une éthique du devenir : c’est progressivement que nous imitons
la perfection du Père et que nous devenons véritablement ses fils dans notre
façon d’être et d’agir’’[1]. En ce septième dimanche du
temps ordinaire, nous sommes invités, de façon toute spéciale, à reconnaître
notre incapacité à aimer comme Dieu nous le demande. Prions pour que chacun
découvre la beauté de ce chemin de la perfection, ferment d’un monde nouveau.
Sébastien Bangandu, a.a.
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