samedi 11 mars 2017

Homélie du 2e dimanche de Carême A: Changer notre regard...



Lectures : 1ère lecture : Gn 12, 1-4a
       2ème lecture : 2 Tm 1, 8b-10
       Évangile : Mt 17, 1-9

Hier je regardais avec bonheur une vidéo que fasciné, un confrère a publié sur sa page Facebook. Il s’agissait de la mue d’une gigantesque araignée. J’étais à mon tour fasciné par cette étonnante métamorphose. J’observais ainsi la mygale se débattre d'abord doucement, puis de plus en plus vivement pour sortir de sa vieille carapace rugueuse pour revêtir une peau neuve et tendre. Mais quand on pense à la vulnérabilité et la gêne qui accompagnent ce processus, il y aurait de quoi s’abstenir si on était de cette espèce-là.

 La vie chrétienne peut être comparée à la mue d’un insecte. Parce que vivre avec Jésus ou marcher à sa suite comporte aussi sa part d’épreuves et des souffrances. Chacune de nos existences est traversée de jours lumineux, pleins d’enthousiasme, où on se sent bien exister. Mais il y a aussi des jours où tout semble gris, des jours où le poids de la vie nous écrase. N’oublions pas que le Christ avant nous a fait la même expérience.

Dans ses interactions avec ses disciples, le Christ a toujours eu une intuition préventive et formatrice. Maître avisé et sage, il voudrait préparer ses disciples à ce qui va arriver. Il n’est pas un vendeur d’illusions. Ainsi, les disciples peuvent garder un cœur ouvert et confiant en Jésus Christ, pour que, lorsqu’arrivent ces moments de grande vérité, ils aient la force de résister. Et il est réconfortant pour nous qui sommes si souvent mal préparés face aux épreuves, de savoir qu’Il prie pour nous et nous prépare à les affronter avec courage.

Les temps d’épreuves et d’adversité nous mènent à changer notre regard sur la vie, les choses, les êtres. C’est pourquoi la sagesse populaire dit que c’est dans la nuit qu’on se rend mieux compte de l’existence des étoiles. La sagesse du message de la transfiguration réside dans l’espérance ardente qu’au-delà d’un présent tumultueux, un avenir lumineux et glorieux nous attend. Le chemin de chacun, quels que soient ses méandres, peut être porteur d’un avenir prometteur.

Ce que les disciples ont vécu avec Jésus sur la montagne, nous sommes appelés à le vivre à des niveaux différents et selon les circonstances. Mais pour cela, il nous faut consentir à quitter notre zone de confort et accepter d'être emmenés à l'écart comme ce fut le cas pour Abraham. Mais comme Pierre, nous sommes constamment habités par le désir humain de s’installer, de se construire une tente là où il fait bon vivre. Saurons-nous accepter de le suivre, pour le rencontrer, dans le désert de nos vies?

L’instant de joie intense sur la montagne ne dure pas longtemps puisque la  transfiguration se veut un mouvement qui nous éveille à la voix du Père qui nous montre le vrai chemin vers Pâques, Jésus son fils bien-aimé. En même temps, elle nous met en route et nous fait prendre conscience que nous appartenons à "une Église sans domicile fixe" (Alain Roy). Il ne s’agit pas de nous laisser bercer par l’euphorie passagère d’une vie sans perspective. Notre Dieu est un Dieu des grands espaces et des larges horizons. Il veut des hommes et des femmes en marche. L'appel  entendu  jadis  par  Abraham  à quitter  son  pays  demeure  le  modèle  de  toute  démarche  de  foi. Que ce carême nous aide à prendre avec courage le chemin qui conduit vers la vie véritable.

Sébastien Bangandu, a.a.

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