lundi 13 mars 2017

Lundi de la 2e semaine de Carême A: Qui peut savoir juger?



Lectures : 1ère lecture : Daniel 9, 4-10
                 Évangile : Luc 6, 36-38

Bien chers frères et sœurs,

« Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés ». Ces paroles de Jésus ont donné lieu à diverses interprétations. Mais la plus courante est celle qui consiste à mettre fin à une discussion, à un débat, à une conversation sans se donner la peine d’aller au fond des choses pour chercher la vérité, sous prétexte de ne pas juger ou condamner l’autre. La réalité c’est qu’on a souvent tendance à vouloir tout simplement se tirer d’affaire pour ne pas blesser l’autre.

Pourtant juger, c’est jugement ce que nous faisons tous les jours, quand nous donnons notre point de vue sur une personne, un sujet, une façon de faire; quand choisissons, quand nous prenons une décision, quand nous optons pour une manière de faire au détriment d’une autre; quand approuvons ou rejetons; quand distinguons entre ce qui convient et ce qui ne convient pas… Sans s’en rendre compte, chacun de nous est, de ce point de vue, un juge qui s’ignore.  

Mais que veut dire exactement Jésus quand il demande à ses disciples de ne pas juger ou condamner? En fait, Jésus veut nous inviter au discernement, à la prudence, au réalisme dans notre façon de juger. Ceci veut dire que quand nous évaluons les autres, nous sommes appelés à le faire avec une conscience vive des limites de notre nature humaine finie, vouée à l’erreur, au sentiment et donc imparfaite et même corruptible. Cependant, tout cela ne doit pas constituer un alibi qui justifierait le manque de responsabilité ou la lâcheté face à ce qui qui mériterait d’être jugé.

Enfin, Jésus n’invite pas à fermer les yeux et à laisser les choses aller. En nous invitant à ne pas juger ou condamner, Il nous oriente vers Dieu, le seul qui est digne de nous juger avec justice, parce qu’il est également d’une miséricorde infinie. Et personne d’entre nous ne peut, quel que soit son degré de sainteté, s’égaler à Dieu. C’est dire que le jugement humain demeure toujours  relatif parce que lié à nos limites, à notre finitude. De sorte que celui qui juge devra toujours avoir à l’esprit qu’il n’est pas meilleur que celui ou celle qu’il juge. A travers ce texte, Jésus, loin de nous décourager, nous invite à l’audace d’une vie toujours consciente de ses limites, mais sans cesse en quête du Dieu juste et miséricordieux.

Enfin, ne pas juger, ne pas condamner, être miséricordieux c’est le chemin où le Christ nous engage spécialement en ce temps de carême et durant toute notre vie. Devenir fils et fille du Père, c’est chercher à ressembler à Dieu, le seul vrai juge, plein de tendresse et de miséricorde. Une mission pour toute la vie, une mission qui n’est pas facile, mais une mission qui nous incite à continuer à croire que rien n’est impossible à Dieu.
Sébastien Bangandu, a.a.

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