samedi 29 avril 2017

3e dimanche de Pâques A: Il nous met le baume au coeur


Lectures : 1ère lecture : Ac 2, 14. 22b-33
                  2ième lecture : 1 P 1, 17-21
                   Évangile : Lc 24, 13-35

Bien chers frères et sœurs,

Jésus de Nazareth, ce prophète puissant par ses actes et ses paroles a eu du mal à se faire connaitre comme fils du Dieu vivant. Pour les gens de son village, c’était juste un homme comme les autres; le fils du charpentier dont la mère, les frères et sœurs étaient bien connus. Sur la croix, il meurt comme un malfaiteur. Après sa résurrection, ses disciples n’arrivent plus à le reconnaître. Certains parlent de lui comme d’un politicien sur qui se fondait l’espoir de tout un peuple. Face au doute qui persiste après sa résurrection, Jésus Christ va multiplier les apparitions pour confirmer son identité de fils de Dieu, sa victoire sur la mort et sa présence au milieu des siens. C’est ce que nous livre, une fois de plus, le récit des disciples d’Emmaüs.

Deux disciples cheminent. Ils viennent de vivre un événement troublant qui les plonge dans un profond désespoir. Comme des chasseurs qui rebroussent chemin après une chasse infructueuse. Comme des fans du Canadien qui rentrent au bercail déçus de la débâcle de leur équipe favorite. Nos deux amis médusés veulent s’éloigner de ce maudit pays pour s’en aller chercher la sérénité ailleurs.

Les disciples d’Emmaüs font route, le cœur gros, puisque Celui en qui ils avaient fondé leur espoir et qui allait délivrer Israël n’est plus. Ils se décident de devenir pèlerins. Ils poursuivent leur chemin. Ils avancent, désespérés du sort de leur vaillant sauveur. Ils continuent d’aller leur vie, mus par l’espoir de rencontrer des nouveaux chemins de vie.

Et voilà que Celui qu’ils croyaient mort, s’approche, vient à eux et se fait prochain pour cheminer avec eux. Celui qu’ils ont cru perdre les rejoint sur leur chemin. L’espéré apparaît quand on a déjà perdu espoir. Présence réelle, surprise au milieu de nos recherches et de nos conjectures. Présence rassurante qui refuse de dévoiler son identité.

Au contact de ce vivant, le cœur des disciples d’Emmaüs brûle, tellement ses Paroles réchauffent et revigorent. Miracle d’une relation authentique qui remet débout et permet d’avancer malgré le poids du jour et la fatigue du chemin. Ce vivant, c’est bien Jésus ressuscité qui nous rejoint sur nos chemins de vie aussi divers et variés.

Du coup, ce compagnon agréable fait semblant d'aller plus loin. Puisqu’il est,  lui aussi, pèlerin. Le Christ ne s’impose jamais. Il respecte absolument notre liberté, dans l’attente passionnée de recevoir notre invitation (Apocalypse 3, 20). Il est prêt, si l’humain ne le requiert pas, à disparaître dans la nuit. Respectueux de l’espace de l’autre, il ne viole jamais le lieu d’autrui. Il est un Dieu errant, pas reconnu, préparé au refus. Il ne met pas la main sur l’homme. Son bonheur c’est de se faire pèlerin au milieu du monde jusqu’à ce que s’établisse son Règne dans le cœur de tous.

Nos deux amis s’efforcent alors de retenir cet hôte qui leur met le baume au cœur. Parce que le soir approche et déjà le jour baisse. C’est la tombée de la nuit, c’est-à-dire l’heure des solitudes et de l’abandon. C’est aussi le moment du repos et du repas où la conversation est sacrée. Et là, Jésus se fait connaître dans le don de sa propre chair. Il se révèle à la fraction du pain. Ce geste épiphanique ouvre les yeux des hommes. Cette communion avec le Ressuscité les remet en route, ils repartent, confirmés maintenant dans leur foi.

Sans plus tarder, ils traversent l’obscurité et courent pour affermir la foi de leurs frères et sœurs,  en vrais témoins du Ressuscité. Eux qui revenaient de Jérusalem le front baissé et tout tristes, s’y rendent fortifiés par la présence du Ressuscité et rayonnant de joie. C’est le mystère de nos eucharisties où Dieu lui-même se révèle à nous par le biais du pain partagé. Mais ce Dieu n’est pas notre bien privé. Nous pouvons l’inviter, mais pas le garder ni le conserver pour nous-mêmes. Il ne laisse pas poser la main sur lui. Il nous échappe, pour nous donner le goût d’aller répandre sa nouvelle. Voilà notre mission d’aujourd’hui. Devenons passeurs du Ressuscité !

Sébastien Bangandu, a.a.

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