Lectures : 1ère lecture : Ac 2, 14.
22b-33
2ième lecture :
1 P 1, 17-21
Évangile : Lc 24, 13-35
Bien chers frères et sœurs,
Jésus
de Nazareth, ce prophète puissant par ses actes et ses paroles a eu du mal à se
faire connaitre comme fils du Dieu vivant. Pour les gens de son village,
c’était juste un homme comme les autres; le fils du charpentier dont la mère,
les frères et sœurs étaient bien connus. Sur la croix, il meurt comme un
malfaiteur. Après sa résurrection, ses disciples n’arrivent plus à le
reconnaître. Certains parlent de lui comme d’un politicien sur qui se fondait
l’espoir de tout un peuple. Face au doute qui persiste après sa résurrection,
Jésus Christ va multiplier les apparitions pour confirmer son identité de fils
de Dieu, sa victoire sur la mort et sa présence au milieu des siens. C’est ce
que nous livre, une fois de plus, le récit des disciples d’Emmaüs.
Deux
disciples cheminent. Ils viennent de vivre un événement troublant qui les
plonge dans un profond désespoir. Comme des chasseurs qui rebroussent chemin
après une chasse infructueuse. Comme des fans du Canadien qui rentrent au
bercail déçus de la débâcle de leur équipe favorite. Nos deux amis médusés
veulent s’éloigner de ce maudit pays pour s’en aller chercher la sérénité
ailleurs.
Les
disciples d’Emmaüs font route, le cœur gros, puisque Celui en qui ils avaient
fondé leur espoir et qui allait délivrer Israël n’est plus. Ils se décident de
devenir pèlerins. Ils poursuivent leur chemin. Ils avancent, désespérés du sort
de leur vaillant sauveur. Ils continuent d’aller leur vie, mus par l’espoir de
rencontrer des nouveaux chemins de vie.
Et
voilà que Celui qu’ils croyaient mort, s’approche, vient à eux et se fait
prochain pour cheminer avec eux. Celui qu’ils ont cru perdre les rejoint sur
leur chemin. L’espéré apparaît quand on a déjà perdu espoir. Présence réelle,
surprise au milieu de nos recherches et de nos conjectures. Présence rassurante
qui refuse de dévoiler son identité.
Au
contact de ce vivant, le cœur des disciples d’Emmaüs brûle, tellement ses
Paroles réchauffent et revigorent. Miracle d’une relation authentique qui remet
débout et permet d’avancer malgré le poids du jour et la fatigue du chemin. Ce
vivant, c’est bien Jésus ressuscité qui nous rejoint sur nos chemins de vie
aussi divers et variés.
Du
coup, ce compagnon agréable fait semblant d'aller plus loin. Puisqu’il
est, lui aussi, pèlerin. Le Christ ne
s’impose jamais. Il respecte absolument notre liberté, dans l’attente
passionnée de recevoir notre invitation (Apocalypse 3, 20). Il est prêt, si
l’humain ne le requiert pas, à disparaître dans la nuit. Respectueux de
l’espace de l’autre, il ne viole jamais le lieu d’autrui. Il est un Dieu
errant, pas reconnu, préparé au refus. Il ne met pas la main sur l’homme. Son
bonheur c’est de se faire pèlerin au milieu du monde jusqu’à ce que s’établisse
son Règne dans le cœur de tous.
Nos
deux amis s’efforcent alors de retenir cet hôte qui leur met le baume au cœur.
Parce que le soir approche et déjà le jour baisse. C’est la tombée de la nuit,
c’est-à-dire l’heure des solitudes et de l’abandon. C’est aussi le moment du
repos et du repas où la conversation est sacrée. Et là, Jésus se fait connaître
dans le don de sa propre chair. Il se révèle à la fraction du pain. Ce geste
épiphanique ouvre les yeux des hommes. Cette communion avec le Ressuscité les
remet en route, ils repartent, confirmés maintenant dans leur foi.
Sans
plus tarder, ils traversent l’obscurité et courent pour affermir la foi de
leurs frères et sœurs, en vrais témoins
du Ressuscité. Eux qui revenaient de Jérusalem le front baissé et tout tristes,
s’y rendent fortifiés par la présence du Ressuscité et rayonnant de joie. C’est
le mystère de nos eucharisties où Dieu lui-même se révèle à nous par le biais
du pain partagé. Mais ce Dieu n’est pas notre bien privé. Nous pouvons
l’inviter, mais pas le garder ni le conserver pour nous-mêmes. Il ne laisse pas
poser la main sur lui. Il nous échappe, pour nous donner le goût d’aller
répandre sa nouvelle. Voilà notre mission d’aujourd’hui. Devenons passeurs du
Ressuscité !
Sébastien Bangandu, a.a.
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