vendredi 9 juin 2017

Sainte Trinité A : Ne faire qu'un à plusieurs…



Lectures: 1ère lecture: Ex 34, 4b-6. 8-9
                2ème lecture: 2 Cor 13, 11-13
                Évangile: Jean 3, 16-18

Bien chers frères et soeurs,

"Écoute, Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique…" Comment comprendre un Dieu "unique" en trois Personnes ? Voilà qui, pour certains, fait de la Trinité un mystère difficile, voire incompréhensible. Il encourt aussi le soupçon de polythéisme ; ce qui porte à croire que les chrétiens vénèrent trois dieux. En fait, en parlant de la Trinité, nous avons bien affaire à un mystère. Et dans la perspective biblique, un mystère est avant tout un surcroît de sens qui nous renvoie à bien des réalités que nous expérimentons au quotidien de nos existences.

Après son ministère terrestre, Jésus retourne vers son Père. Désormais ce sont ses Apôtres qui poursuivront sa mission. A l’ascension il leur promet l’Esprit Consolateur. Celui-ci ne viendra pas de lui-même. C’est le Père qui l’enverra. En venant au milieu de nous, il ne parlera pas de Lui-même. Son travail consistera à leur rappeler tout ce que Jésus lui-même leur avait dit. On le voit, c’est une Église unie et unifiée dans la diversité que Jésus veut laisser à ses Apôtres. Cette unité n’est rien d’autre que l’accointance qui unit le Père au Fils et à l’Esprit.

Notre humanité, terrain sur lequel se meut l'Église et dont elle ressent fortement les secousses, est ébranlée par la division, le déchaînement des instincts contre toute forme d'ordre, toute structure qui se propose d’unir les humains. Dans ces conditions, fêter le Dieu Trine est véritablement un sacré antidote à l’esprit de division et la violence inhumaine. C’est également un vibrant  rappel de l'avenir qui nous est promis.

Ainsi, cette fête est là pour nous rappeler que, dans la Trinité, aucune des Personnes divines ne va jamais sans les deux autres. Car la Trinité n’est pas une surenchère des figures de Dieu, entre lesquelles chacun pourrait choisir à son gré celle qui lui convient le mieux. C’est plutôt un mystère d’intercommunication dont l’amour se trouve être l’élément moteur. Le secret de l'unité trinitaire réside dans la dynamique de l’échange où chacune des trois Personnes est disposée à se donner et à se recevoir de l’autre.

Pratiquement, cette fête admirable du Dieu Trinité nous dit l’urgence du débordement de vie. Si le Dieu Unique propage sa vie, s’il nous fait entrer par son Fils et l’Esprit dans la ronde trinitaire, alors notre pratique ecclésiale ne peut être que diffusive, communicative, relationnelle, harmonieuse, inclusive. Le Dieu Trine n’est pas un Dieu morcelé. Il n’est pas un Dieu qui isole. Ne faire qu'un à plusieurs, c'est bien là notre vocation fondamentale. Dans les relations humaines, nous approchons la Trinité lorsque l'amitié, l’amour, la cohésion fraternelle nous font vibrer à l'unisson.

Enfin, si Dieu s’est incarné, s’il a voulu se faire l’un d’entre nous, ce n’est pas pour nous révéler des vérités abstraites sur lui-même, mais pour nous aider à découvrir le sens de notre existence humaine. N’allons donc pas chercher dans les lectures de la Messe d’aujourd’hui un enseignement théorique sur le mystère de la Trinité, mais bien une invitation à incarner, dans nos vies, ce qui nous est révélé dans l’amour qui lie le Père, le Fils et l’Esprit. Aujourd’hui plus que jamais retentit encore à nos oreilles cette invitation de l’apôtre Paul, telle que proclamée en deuxième lecture : « Encouragez-vous ! Soyez d’accord entre vous ! Vivez en paix, et le Dieu d’amour et de paix sera avec vous ! »

Sébastien Bangandu, a.a.

Aucun commentaire: