Lectures: 1ère lecture: Ex 34, 4b-6. 8-9
2ème lecture: 2 Cor 13, 11-13
Évangile: Jean 3, 16-18
Bien chers frères et soeurs,
"Écoute,
Israël : le Seigneur notre Dieu est l’unique…" Comment comprendre un
Dieu "unique" en trois Personnes ? Voilà qui, pour certains,
fait de la Trinité un mystère difficile, voire incompréhensible. Il encourt
aussi le soupçon de polythéisme ; ce qui porte à croire que les chrétiens
vénèrent trois dieux. En fait, en parlant de la Trinité, nous avons bien
affaire à un mystère. Et dans la perspective biblique, un mystère est avant
tout un surcroît de sens qui nous renvoie à bien des réalités que nous
expérimentons au quotidien de nos existences.
Après
son ministère terrestre, Jésus retourne vers son Père. Désormais ce sont ses
Apôtres qui poursuivront sa mission. A l’ascension il leur promet l’Esprit
Consolateur. Celui-ci ne viendra pas de lui-même. C’est le Père qui l’enverra.
En venant au milieu de nous, il ne parlera pas de Lui-même. Son travail
consistera à leur rappeler tout ce que Jésus lui-même leur avait dit. On le
voit, c’est une Église unie et unifiée dans la diversité que Jésus veut laisser
à ses Apôtres. Cette unité n’est rien d’autre que l’accointance qui unit le
Père au Fils et à l’Esprit.
Notre
humanité, terrain sur lequel se meut l'Église et dont elle ressent fortement
les secousses, est ébranlée par la division, le déchaînement des instincts
contre toute forme d'ordre, toute structure qui se propose d’unir les humains. Dans
ces conditions, fêter le Dieu Trine est véritablement un sacré antidote à
l’esprit de division et la violence inhumaine. C’est également un vibrant rappel de l'avenir qui nous est promis.
Ainsi,
cette fête est là pour nous rappeler que, dans la Trinité, aucune des Personnes
divines ne va jamais sans les deux autres. Car la Trinité n’est pas une
surenchère des figures de Dieu, entre lesquelles chacun pourrait choisir à son
gré celle qui lui convient le mieux. C’est plutôt un mystère
d’intercommunication dont l’amour se trouve être l’élément moteur. Le secret de
l'unité trinitaire réside dans la dynamique de l’échange où chacune des trois Personnes
est disposée à se donner et à se recevoir de l’autre.
Pratiquement,
cette fête admirable du Dieu Trinité nous dit l’urgence du débordement de vie.
Si le Dieu Unique propage sa vie, s’il nous fait entrer par son Fils et l’Esprit
dans la ronde trinitaire, alors notre pratique ecclésiale ne peut être que diffusive,
communicative, relationnelle, harmonieuse, inclusive. Le Dieu Trine n’est pas
un Dieu morcelé. Il n’est pas un Dieu qui isole. Ne faire qu'un à plusieurs, c'est bien là notre vocation
fondamentale. Dans les relations humaines, nous approchons la Trinité lorsque
l'amitié, l’amour, la cohésion fraternelle nous font vibrer à l'unisson.
Enfin,
si Dieu s’est incarné, s’il a voulu se faire l’un d’entre nous, ce n’est pas
pour nous révéler des vérités abstraites sur lui-même, mais pour nous aider à
découvrir le sens de notre existence humaine. N’allons donc pas chercher dans
les lectures de la Messe d’aujourd’hui un enseignement théorique sur le mystère
de la Trinité, mais bien une invitation à incarner, dans nos vies, ce qui nous
est révélé dans l’amour qui lie le Père, le Fils et l’Esprit. Aujourd’hui plus que jamais retentit encore à nos
oreilles cette invitation de l’apôtre Paul, telle que proclamée en deuxième
lecture : « Encouragez-vous ! Soyez d’accord entre vous ! Vivez en paix, et le
Dieu d’amour et de paix sera avec vous ! »
Sébastien Bangandu, a.a.
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